Comment peut-on oser écrire « Une blanche vaut deux noires » ? En ouvrant le parapluie des règles de la typographie ! Car la formule scandaleuse, visant des personnes, mettrait des majuscules aux deux substantifs. La minuscule n’est cependant pas réservée aux adjectifs : un substantif peut la prendre et désigner alors deux figures de la notation musicale dans leurs rapports de durée. Eh bien, cela est mal vu et devrait bientôt disparaître.
Un article en libre accès sur le site de Diapason nous apprend en effet que « Des professeurs d’Oxford qualifient la notation musicale de « colonialiste » » et trouvent que l’ensemble des programmes de musique offre trop de complicités avec la « suprématie blanche ». Un grand mouvement de purification se prépare, visant la « musique européenne blanche ». Du balai, Guillaume de Machaut et Schubert, valsez !
Et la notation musicale, faisant partie d’un « système de représentation colonialiste », ne sera pas épargnée. Il va y avoir du travail, car si « une blanche vaut deux noires », on n’oublie pas non plus que « une ronde vaut deux blanches ». Et pour le point placé après une note, voici ma modeste contribution : il ne faut plus dire qu’il augmente cette note de la moitié de sa valeur, mais qu’il l’y inclut.
Beau poisson d’avril ! Avec en plus un vrai lien pour le lecteur vers un faux article de Diapason. On rit jaune…
Oui, le poisson d’avril c’est que… on pourrait croire que c’est un poisson d’avril ! De ce point de vue, la « cancel culture » nous offre des eaux particulièrement poissonneuses.
Et que dire des notes « dénigrées » utilisées au XVIe siècle et de la seconde « superflue » chère à Rameau ? De la « suprématie blanche » à coup sûr !
J’attire toutefois l’attention sur la réaction anonyme d’un lecteur de Diapason, qui e paraît Asse mesurée et digne de lecture :
»
jacques Hoarau
20:06 (il y a 7 minutes)
À arnaud
« S’informer est un art subtil et provoquer l’indignation une facilité contemporaine. Oxford est une ville qui célèbre partout son mécène, Cecil Rhodes, diamantaire, premier ministre de l’Afrique du Sud quand elle était anglaise, et où toute une culture de la supériorité de noblesse anglaise domine assez insolemment. Quelques collectifs d’étudiants et de rares professeurs tentent de réduire ces rapports de domination. En gros, un doctorant indien, né en Angleterre, a considérablement moins de chances d’avoir un poste d’enseignant du seul fait qu’il est indien, tout en étant spécialiste de musique classique. Le maintien d’une culture qui écarte la musique classique arabe ou indienne, sans parler du jazz, des musiques folk ou populaires, commence tout juste faire l’objet d’une critique. Les faits sont que lors d’UN colloque, un professeur a attiré l’attention sur le fait que tout le répertoire considéré, dont des pièces anglaise mineures, était concentré autour de la musique de la période coloniale. Le dernier XXe siècle, ou a musique ancienne en sont donc également exclues. Du fait d’une préférence culturelle et symbolique pour la période coloniale par la noblesse qui en est issue. Pour finir, le telegraph, unique source de cette affaire, qui ne cite aucun lieu, aucun nom, aucune source, aucune preuve, est un journal de droite conservatrice qui surfe sur la peur du décolonialisme et monte en épingle une anecdote sortie de tout contexte, là où il y aurait eu beaucoup à dire, quitte à en débattre. Un mélange de Closer et de Valeurs actuelles pour réfléchir à l’enseignement de la musique à la Faculty of Music d’Oxford, est-ce le mieux ? Et tout le monde de prendre en choeur, répandant le virus de la désinformation sans sourciller. L’indignation ne tient pas lieu de pensée. »
Une blanche veut deux noires
Une ronde veut deux blanches
L’écriture musicale n’est pas grossophobe : ouf !
Charles
Si on ajoute la quinte « juste » et l’accord « parfait » ou une cadence « parfaite » l’écriture musicale va devenir encore plus difficile à analyser.
De toute façon, tous les adjectifs porteurs d’inégalité sont à proscrire.Comme toute musique écrite qui bénéficie d’un avantage injuste.
Effectivement, le commentaire anonyme cité (sur Diapason) fait froid dans le dos. Si le critère « rapports de domination » devient le critère de sélection de ce qui doit être autorisé à exister (en musique comme en d’autres domaines), alors il ne restera pas grand-chose à transmettre (ou à appendre, ou à pratiquer) y compris dans les territoires (ou dans les peuples) non occidentaux (colonisés, dominés, esclavagisés, soumis, etc ..ou pas) qui sont tous, eux aussi, traversés par des « rapports de pouvoir » internes, ou rapports de colonisation ou d’esclavagisme entre soi (dans Afrique antérieure aux Grandes Découvertes, comme dans l’Amérique précolombienne ou l’Asie du 15ème siècle). Si ce type de raisonnement ou de pratique « culturicide » était appliquée, il ne resterait plus grand-chose (alors) dans la musique vietnamienne…Avec ce type de raisonnement prétendu libérateur ou égalitariste, on s’aperçoit que pointe le bout du nez d’un nouveau racisme et d’un nouveau colonialisme (qui dicte aux peuples non occidentaux leur devoir de ne plus toucher à la culture occidentale, de la détester, et de ne plus s’en inspirer).