« Traité féministe sur la question trans » de Christine Le Doaré, lu par Valérie Soria

Valérie Soria propose une recension détaillée de l’ouvrage de Christine Le Doaré Traité féministe sur la question trans. De violentes polémiques, des solutions faciles à mettre en œuvre (Librairie BoD, 2024). Ce livre est précieux et très éclairant pour qui veut avoir une vue objective et mesurée concernant les débats sociétaux tournant autour de la question transgenre. Appuyé sur des données objectives chiffrées, il établit un état des lieux et propose des solutions de bon sens afin de permettre l’apaisement des polémiques.

Christine Le Doaré est une militante féministe universaliste et laïque. Elle a été Présidente du Centre LGBT Paris Île de France de 2005 à 2012, Présidente de SOS Homophobie de 1997 à 2003. Elle a exercé en tant que juriste conseil. Très engagée dans les combats féministes et lesbiens dans sa vie militante, elle possède une réelle expertise concernant les questions LGBT sans jamais transiger sur leur caractère universaliste, principalement l’égalité des droits et les droits des femmes1. Cet ouvrage est précieux et indispensable pour qui veut avoir une vue objective et mesurée concernant les débats sociétaux tournant autour de la question transgenre. Loin des ouvrages à teneur outrancière qui, de part et d’autre, agitent le microcosme médiatique depuis quelques années, Christine Le Doaré se fixe pour objectif dans son essai d’établir un état des lieux, de s’appuyer sur des données objectives chiffrées et de proposer des solutions de bon sens afin de permettre l’apaisement des polémiques.

«  Pendant des décennies la question trans n’intéressa que les personnes concernées ou spécialistes de l’identité sexuelle. Puis de rares féministes s’exprimèrent pour mettre en doute les théories trans-activistes ainsi que leurs modalités d’action »2. Depuis 2010, la polémique gronde entre les trans-activistes et les féministes radicales et universalistes : les parties en présence sont prisonnières de leurs logiques propres, il n’y a aucune communication entre elles. Débats militants, dira-t-on, à quoi bon s’y intéresser ? Il ne s’agit pas seulement de cela puisque les médias, en particulier les réseaux sociaux, sont touchés par ces affrontements très vifs. Au-delà de ces controverses, ce sont, pour les professeurs et personnels d’éducation, les élèves qui, à un âge où l’on se cherche, sont devenus les cibles de ces revendications. Personne ne peut donc balayer d’un revers de main ces questions de genre, de sexe, d’orientation sexuelle et d’identité de genre.

Mise au point lexicale : sexe, genre, orientation sexuelle, identité de genre

Pour avoir une vue claire sur ces sujets, il est nécessaire de s’entendre rationnellement sur les définitions élémentaires de termes qui sont souvent employés à tort et à travers. C’est ce à quoi s’emploie Christine Le Doaré dans le premier chapitre de son traité. Il s’agit de fixer les définitions du sexe, du genre, de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre.

« Le sexe est un ensemble d’attributs biologiques et de caractéristiques physiologiques et physiques qui permet de déterminer si un individu est de sexe masculin ou féminin. On s’attache donc aux chromosomes, aux niveaux d’hormones et à l’anatomie du système reproducteur pour savoir si un nouveau-né est de sexe féminin ou masculin »3. La définition est scientifique car « le sexe est […] une donnée scientifique observable et vérifiable et de manière indéniable »4. Bien entendu il peut y avoir des anomalies mais elles sont minimes. Le sexe existe bel et bien en tant que donnée biologique immuable, tout comme la différence des sexes, féminin et masculin. Nier cela revient à quitter le terrain de la science pour celui de l’idéologie qui relève de la croyance.

Qu’est-ce que le genre ? « Si le sexe décrit un ensemble de caractéristiques biologiques et physiques, le genre introduit une notion de construction sociale. Les rôles sociaux de genre féminin et masculin découlent de la domination masculine et du système patriarcal »5. La définition du genre obéit alors à une lecture féministe stricte. C’est intéressant car cela sera modifié par les théoriciens queer comme Judith Butler, figure emblématique de cette idéologie, qui introduisent la dimension de possibilité de réinterpréter le genre. Ce qui prévaut donc, ce n’est pas le sexe mais le genre et les stéréotypes de genre qui conditionnent le sexe. On assiste à l’effacement du sexe au profit du genre afin d’ouvrir l’espace pour réinterpréter le genre selon notre volonté et surtout selon le ressenti, car c’est bien de lui qu’il s’agit désormais chez les idéologues du genre.

La question se pose alors en ces termes : quelle est l’articulation entre le sexe et le genre et, par extension, l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont-elles à traiter sur le même registre ? C’est la problématique déterminante et décisive de cet essai.

L’orientation sexuelle est : « […] une inclinaison, un mode d’attirance affective et sexuelle. Il en existe au moins trois : l’hétérosexualité, l’homosexualité et la bisexualité. Une personne est attirée de manière constante par les personnes de son propre sexe, du sexe opposé ou indifféremment par les deux ». C’est donc « un état de prédisposition amoureux et sexuel »6.

L’identité de genre, quant à elle, « […] a été initiée par les théoriciens queer et le mouvement LGBTQI+ pour déconstruire les catégories de genre, mais surtout pour élaborer les revendications propres aux personnes transgenres »7. Si ces deux dénominations se retrouvent placées sur le même plan, et qu’on postule qu’elles ont quelque chose de commun, alors cela signifie que le tournant pris par le militantisme LGBT, en devenant LGBTQI+, est légitimé à imposer un prisme qui a des répercussions non négligeables sur les luttes pour les droits des femmes mais aussi sur les revendications trans-activistes qui ont reconfiguré les luttes LGBT depuis plus d’une décennie. Et cela va au-delà, notamment chez les mineurs lorsqu’ils expriment leur désir de changer de genre parce que ressentant d’être nés « dans le mauvais corps ».

La question des mineurs et l’impact des écrans sur la perception de soi

Cette question des mineurs est centrale pour les parents, pour les pouvoirs publics et pour l’Éducation Nationale en particulier8. Lorsque nous sommes confrontés en tant que professeurs à ces questions d’identité chez nos élèves, nous sommes bien souvent dépassés par les enjeux et par la manière, pour un professeur de SVT ou de philosophie d’aborder l’éducation à la sexualité ou les notions de nature et de culture. Il est nécessaire voire souhaitable de bien maîtriser les distinctions conceptuelles que rappelle Christine Le Doaré, afin de rester objectif, rationnel et de ne pas entrer dans les polémiques et controverses militantes qui peuvent très vite dégénérer en accusations de transphobie. L’École a pour but d’instruire de la façon la plus rationnelle qui soit et de transmettre des connaissances objectives permettant d’accéder à l’autonomie de pensée et à l’exercice raisonné du jugement, tâches qui relèvent de l’exploit en cette période de primat du ressenti sur la pensée libre et sur les savoirs scientifiques.

Les réseaux sociaux prennent une part dominante dans l’effet de diffusion de la question transgenre, en particulier auprès des jeunes. Le temps passé devant les écrans et dans les groupes de discussion animés par les influenceurs est énorme. Pour un jeune enfant ou un jeune adolescent qui traverse, comme tout le monde durant une période de la vie, la question de l’identité, ces sites et ces groupes ont un fort impact sur leur personnalité. Par conséquent, les laisser livrés à eux-mêmes, dans cet entre-soi communautaire, dans cette « nouvelle famille », ne peut que fausser leur jugement et les conduire à engager des démarches de changement de genre sur fond de mal-être ou bien pour jouer avec l’identité et pas nécessairement en changer. Dans la balance, l’École et les familles ne pèsent pas lourd et il est important de mesurer l’influence que les réseaux sociaux, utilisés sans apprentissage du discernement, peuvent produire dans des esprits en devenir. Pouvoir disposer d’un lexique clair sur ces questions constitue un atout majeur pour les parents comme pour les personnels éducatifs.

Une inclusion qui exclut les féministes non intersectionnelles et réduit au silence les voix discordantes

L’ouvrage de Christine Le Doaré ne porte pas seulement sur les mineurs, il présente la question transgenre au niveau politique et sociétal selon plusieurs niveaux. Au chapitre 2, l’auteur aborde la reconfiguration du mouvement de libération homosexuelle et lesbienne qui, en cheminant avec les trans, est devenu LGBTQI+. « L’orientation sexuelle qui était l’ADN du mouvement de libération homosexuelle s’est selon certains enrichi des questions trans et pour d’autres, dilué voire perdu dans les questions d’identité de genre »9. Le maître-mot n’est plus l’émancipation mais l’inclusion. Devenir de plus en plus inclusif, ce mouvement s’est divisé en micro-identités, comme les intersexes, les genderfluid, les asexuels et tant d’autres identités particulières, ce qui produit  « une surenchère victimaire entre toutes ces ultra-minorités »10. Inclusivité paradoxale car, dans le même temps, les lesbiennes universalistes et les lesbiennes radicales sont vilipendées dans les cortèges en étant traitées de TERFs, de transphobes et de putophobes11. Ce ne sont pas seulement des invectives mais des menaces de mort, des agressions qui pèsent sur ces militantes féministes désormais bannies des marches LGBTQI+.

De quoi l’accusation de transphobie est-elle le nom ?

L’accusation de transphobie fait désormais partie des moyens d’ostraciser et de réduire au silence toute personne qui remet en question les diktats idéologiques des trans-activistes. Entendons-nous bien, Christine Le Doaré pose dans son essai les conditions de son analyse : il n’est pas question de bafouer les droits des personnes trans : « Des lois punissent toute discrimination ou violence à l’encontre des personnes trans qui ont parfaitement le droit de vivre leur vie comme elles l’entendent sans subir de rejet ou de jugement de valeur »12. En revanche, il s’agit également de respecter les droits des femmes et des mineurs et de permettre une parole libre, non parasitée par l’idéologie trans-activiste qui, d’ailleurs, ne remporte pas les suffrages de tous les trans.

Ces antagonismes méritent que l’on s’y attarde car ils mettent en relief des points d’achoppement qui questionnent. C’est d’abord un antagonisme entre les trans et les féministes non intersectionnelles. « Tant que les revendications trans portaient sur le droit de vivre sans discrimination ni violence, les mouvements féministes n’y trouvaient rien à redire. Quand les trans ont revendiqué de disposer de papiers d’identité conformes à leur sexe de réattribution, non plus »13. Que s’est-il passé pour que la situation dégénère ? L’imposition d’un nouveau lexique par l’idéologie trans-activiste a joué un rôle éminent dans la torsion de la réalité et dans la perte de toute rationalité scientifique. Il suffit de se rappeler le lexique trans du Planning Familial qui a fabriqué des termes et fourni des définitions destinés à servir l’idéologie du genre et le trans-activisme14. En somme une novlangue du genre qui efface la réalité du sexe et de la différence des sexes.

Le cœur de cet antagonisme entre les féministes et les trans-activistes concerne la plupart du temps les « femmes trans -m to f-, qui dans les premiers temps de leur vie ont été socialisées en tant qu’hommes » mais pas seulement car «  […] dans le sillage du mouvement LBTQI+ et du néo-féminisme queer, des hommes trans -f to m- sont devenus plus nombreux et plus visibles et désormais ce sont les filles qui transitionnent le plus »15. Une évolution majeure a eu lieu en quelques décennies, qui a eu des répercussions sur les femmes (dites femmes cis dans le lexique queer et trans-activiste, autrement dit les femmes qui sont en accord avec leur sexe biologique) ainsi que sur les lesbiennes. Toutes les transitions de genre ne s’accompagnent pas d’une transformation chirurgicale qui serait irréversible, mais comment penser l’augmentation chez les filles de cette réassignation de genre ? « L’homophobie, la lesbophobie en particulier, imprègnent toujours nos sociétés, et il n’est pas impossible que des jeunes femmes trouvent plus facile de changer de genre pour aimer des personnes de leur sexe plutôt que d’assumer leur homosexualité »16. Évoquer la résurgence des thérapies de conversion sous une forme nouvelle, celle accompagnée par les cliniques de transition de genre et par certains psychiatres complaisants, fait courir le risque d’être traité de transphobe. Or n’est-il pas raisonnable de prendre le temps d’examiner la demande de changement de genre lorsqu’elle est exprimée par un mineur, donc par un individu en devenir ? Pour les filles, combattre les stéréotypes sexistes au lieu de vouloir devenir un garçon est un chemin difficile, ce qui devrait nous questionner tous quant à ce qu’il reste à faire pour combattre le sexisme de façon efficace. Pour une lesbienne, il en va de même : s’assumer en tant que telle n’est pas acquis et force est de constater que le poids des normes et des stéréotypes est écrasant aujourd’hui encore. Pourtant, il y a mille et une façons d’être une femme, tout comme d’être un homme. Faut-il pour autant congédier le fait biologique et effacer le sexe au profit du genre ? Le renforcement des stéréotypes ne profite pas aux droits des femmes et, par extension aux droits humains.

Les droits et la sécurité des femmes en péril

Avec le trans-activisme et l’idéologie queer s’impose une nouvelle lecture de la réalité au détriment de toute rationalité scientifique. Mais cela va jusqu’à la mise au pilori des femmes qui osent interroger, avec ironie ou non, les présupposés et les conséquences de cette déconstruction débridée. Les procès en sorcellerie reviennent en force, il n’est que de songer au cas de J.K Rowling : «  L’auteure de Harry Potter condamne avec force et depuis toujours toute discrimination et violence à l’encontre des personnes trans. Féministe, elle milite pour la sécurité des femmes cis-genre mais elle a expressément souligné que les femmes trans devaient l’être aussi et avaient le droit à l’égalité et à la dignité »17. Or elle est la cible des trans-activistes pour avoir usé du vocable « femme trans » pour désigner les m to f, autrement dit les hommes qui effectuent une transition de genre pour devenir des femmes. « Femme trans » est considéré comme réactionnaire, transphobe et donc insupportable pour les nouveaux inquisiteurs qui menacent de manière violente des personnalités comme J.K. Rowling et bien d’autres18. Ce sont les féministes, lesbiennes ou non, qui font les frais de ces entreprises de démolition sectaires. Ce sont aussi des intellectuels, des professeurs, des journalistes qui sont victimes de harcèlement, de menaces et d’intimidation systématiques.

Par ailleurs, la situation dans les infrastructures où se trouvent les femmes fait question et ne peut que nous alerter : dans le sport et les compétitions sportives en particulier où des femmes trans affrontent des femmes cis-genre. Comment garantir l’équité et la sécurité ? « Les instances sportives internationales devraient mener de sérieuses études, distinguer les disciplines sportives qui mettent en jeu la force, la puissance et la vitesse des autres, c’est-à-dire la majorité, et dans ces disciplines neutraliser toute distorsion de concurrence en interdisant aux femmes trans –m to f- de concourir avec des femmes cis-genre ou leur attribuer un handicap pour rééquilibrer les chances .
La seule autre alternative consiste à créer des compétitions sportives pour les catégories cis-genre et trans. Ce pourrait d’ailleurs être la bonne réponse à cette problématique »19.

Ces questions de droits et de sécurité touchent aussi le milieu carcéral. Des femmes trans sont victimes de violence transphobe, d’agressions sexuelles dans les prisons. Ce fait est objectivement constaté et les réduire à l’isolement constitue une double peine. Par ailleurs, cette violence peut provenir de la part des femmes trans à l’égard des femmes cis-genre : des viols ont été comptabilisés, notamment au Royaume-Uni en 2021 ainsi qu’au Canada et aux États-Unis20. Il faut réfléchir à une politique d’incarcération qui prenne en compte ces données mettant les femmes en péril.

Adopter une approche nuancée et équilibrée

Christine Le Doaré met en relief « une concurrence des droits que rien ne légitime »21. Les femmes ont lutté pour leur émancipation et pour leurs droits et beaucoup de féministes voient dans les revendications trans qu’elles jugent excessives une résurgence de la domination patriarcale. Quant aux stéréotypes de genre que les féministes ont combattus, comment accepter que ceux-ci soient tout au contraire renforcés par les trans ? Il ne s’agit pas pour l’auteur de congédier le genre puisqu’il est « une construction sociale »22, il ne s’agit pas d’essentialiser et de parler de femmelité23 en versant dans un discours biologisant qui fait les choux gras de l’extrême droite identitaire, il s’agit plutôt d’équilibrer le débat et proposer des solutions raisonnables.

Le constat que dresse Christine Le Doaré alerte sur l’urgence de se réapproprier le débat : «  Nous sommes donc confrontés à une vague de transition de genre qui interroge et les droits des femmes sont menacés. Mais le problème que pose la question trans va bien au-delà, il est révélateur des dérives qui président [à] la manière dont sont traités les droits humains »24.

Au niveau international, ce qu’on appelle les principes de Jogjakarta ont été posés en 2006 par des militants LGBTQI+. Ce sont des principes juridiques qui portent sur les droits humains et qui mettent au même niveau l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Cette équivalence n’est pas sans poser problème, dans la mesure où l’identité de genre est construite et relève d’un ressenti qui peut concurrencer les droits des femmes et leur sécurité dans le sport ou dans le milieu carcéral et tout lieu où les femmes sont regroupées. Il est important que les décideurs politiques fassent la part des choses entre les revendications excessives des trans-activistes et plus globalement des queer et une attitude réactionnaire et régressive. « Pourtant, il n’est pas difficile de faire la distinction entre, d’un côté une juste lutte contre les discriminations, et de l’autre une nécessaire prudence quand il s’agit d’adolescents ou encore un minimum de décence quand il s’agit de protéger les femmes dans le sport, l’univers carcéral ou les lieux non-mixtes pour des raisons de sécurité »25.

La question de la sécurité revient souvent sous la plume de l’auteur, il faudrait en approfondir les dimensions et sans doute la considérer comme le préalable à l’émancipation. Le terme d’inclusion est sans cesse brandi par les trans-activistes et les libéraux, cela questionne quant à son articulation envisageable ou non avec l’universalisme. Les solutions passent par le dialogue entre les différentes parties et un certain courage politique au lieu de la frilosité et de la démagogie ambiantes.

Christine Le Doaré prend le parti de reconnaître « que les transgenres constituent une catégorie de personnes, au même titre qu’existent une catégorie de personnes femmes et une autre catégorie de personnes hommes »26. Elle élargit cette typologie à quatre catégories : femme, femme trans, homme, homme trans. Cela permet, selon elle, de développer à l’intérieur de chaque catégorie des particularités propres et de chercher des aménagements ajustables à chacune d’entre elles. Cela pourrait favoriser davantage d’équité au niveau des droits humains et dans les différents registres des pratiques sociales. On éviterait ainsi les polémiques et les affrontements délétères actuels. Aux militants trans-activistes et queer et aux décideurs politiques de faire preuve de courage et de volontarisme.

Une question subsiste après la lecture de cet essai très complet et mesuré : comment penser l’universalisme à partir de la typologie que propose l’auteur ? N’est-on pas plutôt engagé sur la pente d’un particularisme à géométrie variable qui certes a le mérite d’échapper à un inclusivisme mécanique et égalitariste mais laisse en suspens l’horizon universaliste source d’émancipation humaine.

Un essai mesuré à lire avec attention pour être plus informé et outillé sur ces questions brûlantes.

Christine Le Doaré, Traité féministe sur la question trans. De violentes polémiques, des solutions faciles à mettre en œuvre, Librairie BoD, 2024.

À lire également sur Mezetulle :

« Caroline Éliacheff et Céline Masson sont-elles ‘transphobes’ ? » Par Elisabeth Perrin https://www.mezetulle.fr/caroline-eliacheff-et-celine-masson-sont-elles-transphobes-par-elisabeth-perrin/

« Genre et islamisme intersectionnel, à partir de Judith Butler » par François Rastier https://www.mezetulle.fr/genre-et-islamisme-intersectionnel-a-partir-de-judith-butler/

« Au bon plaisir des ‘docteurs graves’. À propos de Judith Butler » de S. Prokhoris, lu par J. Favret-Saada https://www.mezetulle.fr/au-bon-plaisir-des-docteurs-graves-a-propos-de-judith-butler-de-s-prokhoris-lu-par-j-favret-saada/

Notes

1 – Le blog de Christine Le Doaré est consultable à partir du lien suivant : https://christineld75.wordpress.com/ . On lira avec profit le précédent ouvrage de Christine Le Doaré qui dresse un état des lieux des luttes féministes et du mouvement LGBT : Fractures. Le féminisme et le mouvement LGBT en danger (éditions Double Ponctuation, 2021).

2Traité féministe sur la question trans, p.7.

3Op.cit., p. 14.

4Op.cit., p.15.

5Op.cit., p.16.

6 Op.cit., p.19.

7 Op.cit., p.21.

8 – Sur ce que dit l’Éducation Nationale au sujet de la question des élèves transgenres, voir la circulaire Blanquer du 29/9/2021 : https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo36/MENE2128373C.htm

9 Op.cit., p. 29.

10Op.cit., ibidem.

11Op.cit. ibid. TERF est l’acronyme de Trans-exclusionary radical feminist, un vocable connoté de façon péjorative puisque désignant les féministes qui excluent les trans de leurs luttes.

12Op.cit., p.25.

13Op.cit., p.35.

14 – Voir pp. 36 à 42.

15Op.cit., p.43.

16Op.cit., p.44.

17Op.cit., p.63.

18 – Voir pp.63-75.

19Op.cit., p.57.

20Op.cit., pp.51-56.

21Op.cit., p.88.

22Op.cit, ibidem.

23 – Comme le font Marguerite Stern et Dora Moutot Transmania. Enquête sur les dérives de l’idéologie transgenre, Magnus, 2024.

24Op.cit., p.104.

25Op.cit., p. 107.

26Op.cit., p.110.

4 thoughts on “« Traité féministe sur la question trans » de Christine Le Doaré, lu par Valérie Soria

  1. Tibuk

    Merci pour cet article. Ce qui me gêne c’est qu’on continue à dire « personnes trans », ça n’a aucun sens.
    Avez-vous lu ou avez-vous l’intention de lire « Né(e)s dans la mauvaise société » d’Audrey A. et Nicolas Casaux ? C’est à ce jour, pour moi, le meilleur ouvrage en français sur le sujet. J’adorerais en lire votre recension.

    Répondre
    1. Valérie Soria Auteur de l’article

      BonjourTibuk, l’intérêt de l’essai de Christine Le Doaré est de présenter un texte équilibré qui ne verse pas dans les polémiques et les outrances. Ma recension repose sur ce pré-requis. Il s’agit de dialoguer et non de nourrir des controverses inutiles.
      Bien à vous.

      Répondre
      1. Tibuk

        Pour la polémique, l’outrance ou la controverse inutile, ce n’est pas le cas du livre que je mentionne, bien que vous sembliez avoir déjà un avis sur la question vu la tournure de votre message. Merci quand même d’avoir répondu.

        Répondre
  2. Pierre

    Bonjour,

    L’ouvrage me semble très proche de celui de Kathleen Stock « Material girls », entre autres mais pas seulement dans l’élargissement à quatre catégories, homme, homme-trans, femme, femme-trans.

    Bon courage

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