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À sa place ou déplacé. Récit transclasse et pensée victimaire (par Fabrice Ravelle)

Fabrice Ravelle1 réfléchit sur la construction et l’usage du concept de transclasse – « ces personnes qui migrent d’une classe sociale à l’autre dans un mimétisme qui se sent parfois coupable ». Parti d’une expérience personnelle, nourri par la lecture de récits contemporains (Didier Eribon, Edouard Louis, Annie Ernaux), éclairé par des travaux de recherche (Chantal Jaquet, Gérald Bronner, Frédéric Martel), il soulève la question d’une « pensée victimaire », d’une assignation qui, au nom d’une identité contraire à la singularité, récuse le principe d’émancipation.

Les transfuges de classe ou les transclasses sont ces personnes qui migrent d’une classe sociale à l’autre en intégrant ses codes, dans un mimétisme qui se sent parfois coupable. Difficile de préciser l’origine exacte de l’expression : à partir des années 90 « transfuge de classe » est une expression journalistique à la mode, elle semble suivre le concept de « névrose de classe2 » du sociologue Vincent de Gaulejac (1987) dans son approche clinique du sujet. En 2014, la philosophe Chantal Jaquet3 introduit le concept de transclasse, une contraction permettant d’évacuer le mot transfuge tout en introduisant le principe de la non-reproduction sociale.

La littérature du XIXe siècle nous a fourni bon nombre d’archétypes transclasses. Nos héros transclasses s’appellent Julien Sorel (Le Rouge et le noir / Stendhal), Lucien de Rubempré dans la Comédie humaine (Balzac) ou Frédéric Moreau pour l’Éducation sentimentale (Flaubert)… Chantal Jaquet s’appuie en bonne part sur la destinée de Julien Sorel, mais j’ai le sentiment qu’une grande partie des romans du XIXe, en écho au formidable essor de la bourgeoisie, s’articule autour de ce type de personnage. Ce sont ces grandes figures qui, par volonté ou accident, bifurquent vers un monde qui ne leur appartient pas, introduisant un décalage, une étrangeté dans le récit.

Suis-je moi-même transclasse ? Il est certain qu’au regard de ce petit détour d’entre les classes, chacun se découvrira plus ou moins dans cette position inconfortable. Avec son lot de culpabilité, de honte, de trahison (?) ou s’agira-t-il peut-être de venger quelque chose ? Nous y reviendrons.

Autobiographie d’un « déplacé »

D’évidence, les récits transclasses sont autobiographiques. Aussi, je vais me plier à ce rituel, brièvement.

Mes parents, employés de restauration, serveuse et chef de cuisine ont connu la précarité des petits boulots. La faillite de leur premier petit restaurant de campagne à la fin des années 60 entraînera les dettes puis les saisons et les emplois pour se refaire, je m’en souviens bien. Plus tard, au milieu des années 80, à mon adolescence ils trouveront leur place en ouvrant un restaurant avec un certain succès. Nous avons vécu en HLM, notamment dans la zup de Montbéliard, puis dans un pavillon Phénix, gage d’accession à la propriété de la petite classe moyenne. Ma scolarité s’arrête à Bac+2. Une passion très jeune pour la musique et l’expression artistique mais un apprentissage très tardif et peu académique. Je dois mon parcours artistique à une soif de connaissance compulsive qui m’a fait fréquenter très assidûment les bibliothèques municipales pour tout dévorer. Je pense avoir vu tous les spectacles de la maison de la culture de Montbéliard pendant plusieurs années, grâce aux places gratuites qu’une amie de lycée nous fournissait. Disons, un parcours en bonne part autodidacte, sérieusement nourri tout de même des enseignements de l’école publique, bibliothèques, musée municipaux, centre d’art MJC et de cours de musique. Puis un certain culot de se prétendre artiste à 18 ans m’a fait frapper à la porte de toutes les salles de concert et festivals, une bonne occasion pour moi de fuir la province pour Paris.

Après des rencontres décisives, un travail de fond, laborieux, 35 ans de carrière et quelque cinquante albums de musique réalisés, je pense avoir trouvé ma place de compositeur et directeur musical auprès de grands artistes. Et pourtant, toujours ce sentiment de ne pas être tout à fait à ma place, le syndrome de l’imposteur, parfois, comme si j’avais volé ma place. À l’évidence, je n’étais pas prédisposé à ce genre de trajectoire.

Être déplacé : C’est le terme que Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron4 emploient lorsqu’ils recueillent les sentiments des étudiants en 1964 dans Les Héritiers. Certains se trouvent à leur place, disons les enfants de la bourgeoisie. Les autres, très minoritaires en 64, fils et filles de paysans ou d’ouvriers, se sentent « déplacés ». Le vocabulaire est saisissant. Le principe pointé par Bourdieu est maintenant un classique : les enfants de la classe bourgeoise héritent de tous les codes. Nul besoin de fréquenter le ciné-club, d’emprunter les disques de jazz, de découvrir les symphonies ou les concertos… les classiques sont intégrés, presque innés. Ainsi pour les héritiers, la culture peut s’aborder de façon dilettante (c’est le terme consacré). Un dilettantisme comme mode de vie, sans effort apparent, tout est « naturel » puisque hérité. Pour l’étudiant « déplacé », par-contre, le monde de la culture, le monde intellectuel demande un apprentissage quotidien, laborieux. Une mise à niveau, rien ne va de soi.

J’ai souvent été confronté à ce dilettantisme de bon teint. Connaître les codes suppose une légèreté dans les relations, on se reconnaît, on se rassure. Nombre de fois j’ai trop laissé transparaître mon enthousiasme pour un projet ou pour un poste. Cela m’aura valu méfiance et suspicion. Comment ? Il aurait besoin de ce travail pour vivre ? Presque indécent ! Cette mécanique des héritiers est particulièrement à l’œuvre dans le milieu du cinéma et dans une certaine mesure dans la production musicale.

Dolorisme

Je pense avoir découvert la question des transfuges de classe avec l’ouvrage de Didier Eribon5, Retour à Reims il y a une bonne dizaine d’années, le livre date de 2009. Cet essai, pour moi, c’est d’abord une révélation qui laissera place plus tard à un désamour. Il faut reconnaître que ce traité de sociologie a quelque chose de particulièrement émouvant par sa manière d’autobiographie : bien installé dans sa situation, l’auteur se rend aux obsèques de son père dans sa région natale – occasion d’une introspection sur sa bifurcation. Lui, l’enfant d’ouvrier deviendra l’intellectuel « homosexuel de gauche » en vogue des années 80. Je n’ai pas le même parcours mais quelque chose résonne en moi dans son récit. Je comprends dans son texte que son homosexualité aura agi comme une transgression de classe. « Je me suis décrit » dit-il « comme un miraculé ; il se pourrait bien qu’en ce qui me concerne, le ressort de ce ‘’ miracle‘’ soit l’homosexualité » (Chantal Jaquet fait aussi référence à cet extrait dans Les Transclasses). L’homosexualité comme transgression sociale, j’en ai connu quelques traces à la fin des années 80, avec le grand brassage d’une communauté (Eribon décrit les lieux de drague ainsi). Faits, réels ou fantasmés, je pense moi aussi avoir découvert un autre monde, en fuyant la province, en côtoyant des personnes d’une autre classe (dirais-je dominante ?). Un monde que je ne m’imaginais même pas.

Il est question de place, il est question de classe. Il sera question de Marx. J’aurai cependant du mal à me glisser intégralement dans la mécanique de Marx, tant je trouve que la « lutte des classes » peine à analyser notre société. Et puis on trouvera toujours plus dominant ou plus dominé. Même le prolétariat a son sous prolétariat, le Lumpenprolétariat6. Une classe de mendiants, de voleurs et de petits métiers, une classe que même les prolétaires se doivent de déconsidérer par peur de contamination sociale. Le Lumpen (le prolétaire en haillons) transgresse, se retourne et se vend au plus offrant. C’est le scandale antirévolutionnaire par excellence. Voyons la description du parti du 10 décembre par Marx dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte7 : « des forçats sortis du bagne, des filous, des souteneurs » […] mais aussi « des chiffonniers, des rémouleurs, des rétameurs, des mendiants » encore : « bref, toute cette masse confuse, décomposée, flottante, que les Français appellent la ‘’ bohème ‘’. » Marx dans le texte ! L’épouvantail, si je puis dire, est large lorsqu’il s’agit de déconsidérer une classe par rapport à une autre, on est loin de la rédemption d’un Jean Valjean. Point de salut, en haillons pour la vie. « Pour la vie » c’est une question clé, la question d’un déterminisme social.

Le sociologue Gérald Bronner dans Les Origines8 (lui aussi authentique transclasse), regroupe bon nombre de récits contemporains dans un même cœur narratif : le dolorisme. Didier Eribon, Annie Ernaux, Edouard Louis ont à cœur de renforcer le caractère inéluctable et définitif d’assignation sociale. Portant en eux la souffrance de la classe qu’ils ont quittée. Leur « transclassisme » se mue en souffrance christique, gage de salut de l’ensemble des classes laborieuses. Quel besoin a-t-on de porter sa douleur en bandoulière lorsqu’on devient par la force des choses le symbole d’une certaine réussite sociale ?

En quoi consiste cette réussite ? La reconnaissance de ses pairs, la maîtrise de codes, d’un langage, les honneurs, l’enrichissement aussi. D’aucuns résumeront cela à l’embourgeoisement. Le mot sonne comme embonpoint, avec la réussite vient la mauvaise graisse. De là à penser que le dolorisme agirait comme un talisman contre l’accusation d’embourgeoisement…Devenu grand intellectuel, traduit dans toutes les langues, riche et célèbre oui ! Mais le transclasse portera à jamais toute la douleur de sa classe !

Pensée victimaire et assignation

Dans son expression « j’écrirai pour venger ma race9 » Annie Ernaux pousse le principe d’assignation de classe au-delà de toutes limites (extrait de son discours au prix Nobel). Même si « Je vengerai ma race » est issu de ses carnets écrits à l’âge de 22 ans, une telle démesure est difficilement compréhensible, sauf à penser qu’il lui fallait prouver fidélité à sa classe/race dans une alternative : vengeance ou trahison. « Lever le front pour laver l’affront » comme le résume à ce sujet Chantal Jaquet. Toujours est-il que le fait d’assimiler la classe à la race est glaçant dans une provocation ultime. Il entérine le principe de déterminisme. À nouveau, point de salut.

Néanmoins, les récits d’Annie Ernaux sont d’ordinaire tout à fait mesurés dans un travail de description d’une grande sobriété. Pour mémoire, le récit transclasse par excellence d’Annie Ernaux s’intitule judicieusement la place10 – ou comment résumer en un mot toute la complexité du phénomène. Je trouve ce minimalisme particulièrement saisissant. La place, c’est bien le mot de Bourdieu. La Place est le portrait de son père, ouvrier puis patron d’un café-épicerie de quartier, on y comprend l’attachement puis l’éloignement de l’auteur jusqu’à la honte de son propre milieu – La Honte, autre récit transclasse de Annie Ernaux.

Autre auteur, autre récit : que penser alors d’une famille décrite comme un sous-quart monde dans un délire d’exagération d’un Édouard Louis au comble de l’auto-fiction ? Pour cet auteur, le trait est systématiquement forcé, que ce soient les détails sur son père buvant le sang frais d’un porc égorgé dans En finir avec Eddy Bellegueule11 ou le déroulé d’un supposé viol relaté par la sœur du narrateur avec force tics de langage pour faire plus peuple dans Histoire de la violence12. La caricature n’est jamais loin. À se demander si forcer le trait ne devient pas un système en soi, une sorte de justification de ses origines modestes dans un monde intellectuel et bourgeois que l’on peine à assumer publiquement. Caricaturales aussi les prises de positions de plus en plus provocatrices du trio Eribon, Louis et Lagasnerie, comme s’il leur fallait depuis quelques années prouver le caractère authentique de leur engagement dans une sociologie postmarxiste.

Gérald Bronner explique malicieusement que la tendance est aux origines modestes pour l’intellectuel de 2020, si bien que si nécessaire on fera remonter son pedigree de modestie à deux ou trois générations. Si par malchance, vous avez été élevé dans une certaine aisance, faites remonter vos véritables origines au grand père ouvrier ou à vos arrière-grands-parents paysans, on en tirera grand bénéfice.

L’artiste transclasse aurait la bourgeoisie honteuse. Oubli volontaire : sans bourgeoisie, pas d’artiste, pas de galeries, pas de concert, pas de cabaret. Quelles traces la littérature et la musique françaises auraient-elles laissées dans nos esprits sans les grandes salonnières du tournant du siècle ? Qui a fait le succès des ballets Russes, des Picasso d’hier et d’aujourd’hui ? Le légendaire mauvais goût petit-bourgeois aura même fait le miel des grands créateurs, de Brecht à Warhol en passant par Otto Dix…Brecht qui avec Kurt Weill aura si magnifiquement mis en scène notre fameux Lumpenprolétariat… Aujourd’hui L’Opéra de quatre sous ou Mahagonny13 se jouent dans nos très bourgeois opéras.

L’écrivain et sociologue Frédéric Martel, transclasse aussi, s’était reconnu tout comme moi dans le Retour à Reims de Didier Eribon. Seulement, dans son recueil sur la culture gay Fiertés et préjugés14 il pointe lui aussi la pensée victimaire entretenue par Didier Eribon et ses comparses. Ce dolorisme finit par désactiver le contenu même de cet ouvrage au fil du temps. À noter que Didier Eribon, dans l’épilogue de Retour à Reims ébauche la visée intersectionnelle de son combat au-delà du marxisme : « […] la disparition du marxisme, ou du moins son effacement du discours hégémonique à gauche, aura été la condition nécessaire pour qu’il devienne possible de penser politiquement les mécanismes de l’assujettissement sexuel, racial etc. » 15. D’ailleurs, Eribon, dans ce même épilogue, reprend à son compte le « je vengerai ma race » exhumé des carnets d’Annie Ernaux. Petit à petit, Retour à Reims se transforme en manifeste militant où le transclasse, quels que soient sa vie, ses choix, restera à jamais lié aux instincts (habitus ?) de sa classe d’origine, ainsi, forcément soumis à la classe dominante, quoi qu’il advienne. C’est d’ailleurs le thème récurrent des auto-fictions d’ Édouard Louis. Il est certes compréhensible que le transclasse puisse servir d’alibi à une classe dominante à la recherche du contre-exemple miraculeux permettant d’attester le bon fonctionnement de notre méritocratie. Mais « Venger sa race » ou trahir sa classe : nous voilà plongés une fois de plus dans cette alternative, que je refuse. Je la trouve totalement déprimante, aliénante et insultante. Une manière de dissoudre l’individu résumé à une classe sociale. En toute indifférenciation, sans espoir d’émancipation. C’est donc cela une assignation.

Dans son analyse, Chantal Jaquet propose en quelque sorte un remède à ce principe d’assignation en se penchant sur l’individu16 et l’idée de passage, de passager, de « passe-classe ». « Lorsque la lutte pour la reconnaissance échoue, cette identité apposée à l’individu apparaît comme la forme suprême de l’aliénation puisqu’il est à jamais enserré dans des caractéristiques immuables, son sexe, sa race, son statut social. » À l’identité, elle oppose le principe de complexion de l’individu (en référence à Spinoza) et nous incite à prendre en considération « les différences fines, la particularité des êtres… ». À mon sens, un remède à l’intersectionnalité et à l’obsession de l’identité en vogue de nos jours.

Pourtant, la toute dernière phrase de « transclasses » de Chantal Jaquet me laisse perplexe :

« Bien qu’il puisse incarner une figure d’émancipation par rapport à une condition stigmatisée, le transclasse n’est pas l’avenir de la femme, de l’homosexuel(le) ou du Noir ; il n’est pas davantage l’avenir de l’homme car l’objectif n’est pas de passer solitairement les barrières de classe, mais de les abolir pour tous. »

Pourquoi élaborer sur 230 pages un concept subtil aux vertus émancipatrices, pour finalement, s’assujettir dans un schéma rebattu qui ressemble sérieusement à l’abolition des classes ? Que signifie au juste cette candeur soudaine après avoir soutenu le caractère autonome et mouvant des transclasses ? S’attacher à la toute dernière minute à l’avènement d’une société sans classe comme idéal, m’interroge. À cet élan révolutionnaire, je préfère m’en tenir à d’autres considérations : pouvons-nous reproduire ce petit miracle social dans nos nouvelles rencontres professionnelles ou autres ? Même s’il y a malgré tout un entre-soi dans nos relations, faut-il s’acharner à voir dans les ‘places’ que nous y occupons l’effet exclusif d’un déterminisme social au point d’en exclure toute liberté, toute circulation ?

Notes

1 – Compositeur et producteur de musique.

2 – Vincent de Gaulejac, La Névrose de classe, Paris, Payot, 2016 (1987).

3 – Chantal Jaquet, Les Transclasses ou la non-reproduction, Paris, PUF., 2014.

4 – Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les Héritiers Les étudiants et la culture, Paris, Minuit, 1966.

5 – Didier Eribon, Retour à Reims, Paris, Champs Flammarion, 2018 (2009).

6 – Voir Jean-Claude Bourdin « Marx et le Lumpenprolétariat » dans Actuel Marx, N° 54, Paris, PUF, 2013, p. 39-55.

7 – Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, Chapitre V.

8 – Gérald Bronner – Les Origines, pourquoi devient-on qui l’on est ?, Paris, Champs Autrement, 2025 (2023).

10 – Annie Ernaux, La Place, Paris, Folio, 2021 (1983).

11 – Edouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule, Paris, Points, 2015 (2014).

12 – Edouard Louis, Histoire de la violence, Paris, Seuil, 2016.

13Opéra de quat’sous, Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (B. Brecht / K. Weill).

14 – Frédéric Martel, Fierté et préjugés, la révolution gay, Paris, Bouquins, 2022. « La pensée victimaire: Edouard Louis, Didier Eribon et Geoffroy de Lagasnerie » texte en libre accès https://fredericmartel.com/la-pensee-victimaire-edouard-louis-didier-eribon-et-geoffroy-de-lagasnerie/

15Retour à Reims, p. 244.

16 – Chantal Jaquet : voir notions d’ingenium et de complexion en référence à Spinoza et Pascal.

L’hypothèse « toutes choses égales par ailleurs »

Thierry Foucart prolonge et approfondit une réflexion déjà engagée dans les colonnes de Mezetulle1 sur l’usage peu rigoureux des probabilités et de la statistique dans le domaine des sciences sociales. Il examine ici, en l’illustrant avec quelques études de cas, l’hypothèse bien connue « toutes choses égales par ailleurs », souvent utilisée pour détecter l’existence de discriminations.

De nombreux travaux en sciences sociales souffrent d’un déficit de scientificité dans l’application des mathématiques appliquées. On ne compte pas les enquêtes qui font « comme si » les données étaient tirées au hasard en effectuant un calcul de probabilité, « comme si » l’échantillon était représentatif en étendant ses propriétés à l’ensemble de la population, « comme si » les résultats étaient indiscutables, etc. L’hypothèse « toutes choses égales par ailleurs » est un des exemples les plus fréquents de ce genre d’abus : on fait « comme si » elle était vraie, parce qu’elle facilite considérablement la détection de la « cause » d’une discrimination. Mais elle limite cette cause au facteur qui crée l’inégalité.

Hypothèse « toutes choses égales par ailleurs »

Imaginons à titre d’exemple une étude sociologique dont l’objectif est de décrire les relations existant entre le sexe, la catégorie socioprofessionnelle, l’âge, le revenu, le secteur d’activité et l’opinion politique des électeurs en France. Pour étudier l’influence d’un de ces facteurs sur un autre, par exemple de la catégorie socioprofessionnelle sur l’opinion politique, ou du sexe sur le revenu, l’hypothèse « toutes choses égales par ailleurs » (notée TCEA dans la suite) consiste à isoler la relation entre les deux facteurs considérés en excluant l’influence de tous les autres. L’objectif est de mettre en évidence ce que l’on appelle l’ »effet propre » d’un facteur sur l’autre, ici de la CSP sur l’opinion politique ou du sexe sur le revenu.

Pour connaître l’effet propre de la catégorie socioprofessionnelle (CSP) sur l’opinion politique, qui dépend peut-être aussi de l’âge, il faut annuler l’effet de ce dernier pour observer uniquement celui de la CSP. Il faudrait théoriquement procéder de la même façon pour tous les facteurs intervenant dans l’opinion politique, non seulement les facteurs cités précédemment (sexe, revenu, âge, secteur d’activité), mais aussi le niveau de diplôme, la catégorie socioprofessionnelle des parents, l’ancienneté dans l’entreprise, la mobilité, le lieu d’habitation, la situation familiale, etc., en fait tous les facteurs susceptibles d’avoir un effet sur l’opinion politique. La liste des facteurs à inclure dans l’hypothèse TCEA ne peut être établie que par le chercheur et dépend inévitablement de son choix, de son appréciation a priori de l’effet que chaque facteur exerce sur l’opinion politique.

La rationalité de cette liste doit toujours être vérifiée. Elle peut comporter une aporie. Par exemple, dans la comparaison des revenus suivant le sexe, l’hypothèse TCEA ne peut inclure l’égalité des revenus des conjoints, bien que le revenu de l’un exerce évidemment un effet sur celui de l’autre. Supposer leur égalité pour montrer que les revenus des hommes sont supérieurs à ceux des femmes TCEA est contradictoire puisque leurs conjoints sont de sexes différents. D’autres apories, qui n’apparaissent pas toujours aussi clairement, peuvent exister.

Démarche initiale théorique

Respecter l’hypothèse TCEA conduit à des difficultés insurmontables et impose des approximations.

La première difficulté résulte de la nécessité de coder l’information indispensable au traitement statistique. Cette codification a pour objectif de définir des catégories dont les membres possèdent à peu près les mêmes caractéristiques, et de constituer ainsi des groupes homogènes. Une codification de plus en plus fine limite les variations à l’intérieur de chaque groupe, en rassemblant des individus de plus en plus ressemblants, mais elle aboutit à augmenter le nombre de groupes homogènes considérés et à diminuer l’effectif moyen des groupes. Une information de plus en plus fine est de moins en moins statistiquement stable.

Donnons un exemple : l’âge exerce un effet sur l’opinion politique qui empêche d’isoler celui de la CSP. Pour écarter cette influence, on va considérer les personnes du même âge. Cette condition ne peut être réalisée qu’en considérant des classes d’âge, de vingt à trente ans, de trente à quarante, etc. Dans chacune d’entre elles, l’âge moyen, ou central, est considéré comme l’âge de tous ses membres : c’est l’approximation évoquée ci-dessus. Si les classes sont d’amplitude de cinq ans, c’est plus précis, mais l’effectif dans chaque classe est plus faible et les résultats sont moins stables.

Une autre difficulté est l’impossibilité de suivre rigoureusement la démarche de l’hypothèse TCEA.

Pour que l’on puisse éliminer aussi le sexe de cette relation, il faut trier les individus en fonction à la fois de leur âge (4 classes) et de leur sexe (2 sexes). On obtient en tout huit groupes, chacun étant constitué de personnes de même classe d’âge et de même sexe. L’hypothèse TCEA, limitée au sexe et à l’âge, est à peu près vérifiée dans chaque classe. On peut alors étudier la relation entre l’opinion politique et la CSP dans chaque groupe dans lequel l’hypothèse TCEA réduite au sexe et à l’âge est satisfaite.

Et ainsi de suite pour tous les facteurs retenus dans l’hypothèse TCEA. Considérons 4 classes d’âge, 4 classes de revenus, 4 secteurs d’activité et le sexe : il faut répartir l’échantillon des personnes observées en 128 ( = 4 x 4 x 4 x 2) groupes homogènes, dans chacun desquels on peut supposer que leurs membres ont le même “profil” : même âge, même sexe, même revenu, même secteur d’activité approximativement.

Il faudrait ensuite analyser la liaison entre la CSP et l’opinion politique dans chacun de ces 128 groupes pour détecter dans chaque groupe l’effet propre de la CSP sur l’opinion politique et en déduire, si possible, un effet général.

Le nombre de groupes homogènes augmente très vite avec le nombre de facteurs inclus dans l’hypothèse TCEA. Imaginons que l’on tienne compte, en plus des quatre facteurs précédents, du nombre d’enfants (de 0 à 3 ou plus), du revenu du conjoint (4 classes), du secteur d’activité (4 secteurs) : le nombre de groupes considérés est alors de 128 x 4 x 4 x 4, soit 8 192. Même en tenant compte des groupes vides, il est impossible de disposer d’un échantillon de taille suffisante pour que l’analyse statistique dans chaque groupe homogène ait un sens. On ne pourra mettre en évidence une relation que dans ceux d’entre eux qui ont un effectif suffisant, ce qui réduit le champ de l’analyse.

La modélisation

La statistique propose d’aborder l’analyse d’une façon différente, en représentant par des équations les relations entre les facteurs. Elle fournit alors des résultats apparemment plus faciles à interpréter, sur des données d’un effectif relativement limité, souvent de l’ordre de quelques milliers.

Une méthode classique est la régression linéaire multiple. Elle consiste à construire un modèle donnant la meilleure approximation possible d’un facteur appelé endogène (ou expliqué, ou dépendant) en fonction d’autres facteurs exogènes (ou explicatifs ou indépendants). Un exemple sur des données élémentaires est facile à interpréter :

On suppose que la régression linéaire multiple du poids en fonction de la taille, de l’âge et du sexe donne l’équation suivante :

Poids = 0.30 x Taille + 0.40 x Âge +2.0 x Sexe + 5

Dans cette équation, les coefficients de la taille, de l’âge et du sexe sont appelés coefficients de régression. Les résidus sont les différences entre les valeurs observées et les valeurs prédites : ils indiquent la précision de l’estimation.

Cette formule est évidemment approximative. Elle donne un ordre de grandeur des poids des individus observés (poids prédits dans le tableau ci-dessus) en fonction de leurs caractéristiques et les différences avec leurs poids observés (résidus). Plus précisément, c’est l’estimation du poids moyen des individus dont la taille, l’âge sont connus, que l’on peut calculer pour un homme et pour une femme : à âge et taille égaux, une femme pèse en moyenne 2kg de moins qu’un homme :

On détecte ainsi l’effet propre du sexe sur le poids à taille et âge égaux.

Critique de la modélisation

Ce modèle suppose a priori l’existence d’un effet propre de chaque facteur exogène sur le facteur endogène : lorsque la taille augmente de 10 cm, le poids augmente de 3 kg, et lorsque l’âge augmente de 10 ans, de 4 kg, sous l’hypothèse TCEA. La nature des facteurs justifie ce choix, les facteurs exogènes étant ceux sur lesquels on ne peut intervenir. Cette existence a priori est indissociable de la modélisation, et l’hypothèse mathématique implicite est la linéarité de la relation entre le facteur endogène et chaque facteur exogène, par exemple entre le poids et la taille. De même, les relations entre les facteurs exogènes sont supposées linéaires (le calcul utilise les coefficients de corrélation linéaire pour évaluer les relations entre les facteurs). Ces relations sont évidemment approximatives.

Les calculs étant toujours possibles, la vérification de ces hypothèses est nécessaire pour que le modèle représente de façon acceptable les données. Elle peut être effectuée par des tests statistiques ou, plus simplement, par des représentations graphiques mais est très souvent négligée.

Les valeurs calculées des coefficients de régression ne sont jamais nulles. Pour montrer l’existence d’un effet propre d’un facteur exogène, il faut contrôler que son coefficient de régression est significativement non nul, à l’aide d’un test statistique. Une hypothèse mathématique supplémentaire est alors nécessaire : les résidus doivent être répartis suivant la loi normale.

Ces hypothèses, théoriques, ne peuvent être prouvées avec certitude, mais le modèle linéaire est « robuste », c’est-à-dire que les résultats restent significatifs si elles sont simplement vraisemblables. Un grand nombre d’hypothèses réduit la vraisemblance de l’ensemble, ce qui limite le nombre de facteurs exogènes. On retrouve ici le principe de parcimonie (ou rasoir d’Ockham).

L’application du modèle à la population dont sont issues les données suppose idéalement que ces données soient tirées au hasard, a minima qu’elles constituent un échantillon représentatif de la population. C’est un modèle descriptif, et les prévisions du facteur endogène par des intervalles de confiance sont en général très imprécises.

La modélisation consiste en fait à résoudre les difficultés de la démarche initiale en émettant des hypothèses sur la nature des données. Les informations qu’elle donne ne sont jamais « objectives » : les choix du chercheur conditionnent les résultats qui ne sont que descriptifs.

Études de cas

Les exemples ci-dessous montrent la limite de ce type de démarche.

The Bell curve

Richard J. Herrnstein et Charles Murray (1994), se fondant sur des analyses statistiques nombreuses et relativement complexes comme des régressions linéaires multiples et des analyses factorielles effectuées sur un grand nombre d’observations, interprètent les résultats de leurs enquêtes sur la réussite sociale aux États-Unis comme la preuve scientifique de l’infériorité de certaines races humaines sur d’autres : les Américains d’origine africaine réussissent moins bien socialement que ceux d’origine européenne qui réussissent eux-mêmes moins bien que ceux d’origine asiatique « toutes choses égales par ailleurs ». Les auteurs en déduisent l’existence d’une hiérarchie raciale.

La contestation scientifique de ce travail ne peut être effectuée que par des spécialistes de ces analyses. Stephen J. Gould (1997), en montrant les limites épistémologiques des méthodes utilisées par Murray et Herrnstein, contredit totalement leur raisonnement et les accuse de racisme.

Mais on peut aussi supposer que les enquêtes sont correctes et leurs résultats numériques exacts. La critique consiste alors à raisonner en logique floue (Foucart, 2024). Les deux auteurs de The Bell curve n’ont pas comparé la vraisemblance de leur conclusion (l’existence d’une hiérarchie raciale) à celle de leurs hypothèses statistiques et de l’hypothèse TCEA. Si toutes les hypothèses statistiques sont contrôlées et les tests justifiés, accepter l’hypothèse TCEA revient à accepter l’existence d’une hiérarchie raciale. Refuser cette existence revient donc à refuser cette hypothèse : cela signifierait que des facteurs de la réussite sociale aux États-Unis n’ont pas été pris en compte dans cette hypothèse. C’est beaucoup plus vraisemblable. Lesquels ? Il appartient aux sociologues de les déterminer en examinant précisément l’hypothèse TCEA.

Les sciences de l’éducation

Les sciences de l’éducation foisonnent d’enquêtes fondées sur l’hypothèse TCEA. Un exemple est donné par Thierry Troncin (2005) dans sa thèse en sciences de l’éducation. Il veut mesurer l’effet du redoublement du cours préparatoire à l’école primaire. Pour cela, il considère des binômes d’élèves de CP dont l’un redouble et l’autre non, mais dont les résultats en cours préparatoire sont à peu près les mêmes et les parents de même niveau social.

On compare ensuite les résultats en CE1 des élèves de chaque binôme. Le constat est clair : ceux qui n’ont pas redoublé le CP ont de meilleurs résultats en CE1 que ceux qui l’ont redoublé. Cela peut être interprété de deux façons :

  • La réussite en CE1 de l’élève non redoublant du binôme montre que le redoublant aurait réussi s’il était passé sans redoubler dans la classe supérieure : le redoublement ne sert à rien. Cette interprétation est fondée sur l’acceptation de l’hypothèse TCEA dans chaque binôme.
  • La sélection des élèves qui sont passés dans la classe supérieure a été correctement faite, ce qui montre l’insuffisance de l’hypothèse TCEA : un facteur significatif de la réussite des élèves ne figure pas dans les profils de l’hypothèse TCEA.

L’hypothèse de l’égalité des élèves d’un même binôme est-elle plus vraisemblable qu’une insuffisance dans l’hypothèse « toutes choses égales par ailleurs » ? Il est évident que la réponse est négative. L’hypothèse TCEA est ici très contestable. Par exemple, l’absence du QI dans cette hypothèse revient à considérer qu’il n’intervient pas dans la réussite d’un élève, l’éducation parentale peut être très différente au sein d’une même CSP, les parents peuvent être mariés ou célibataires, etc. La précaution prise par Troncin, qui précise systématiquement les limites de l’hypothèse (« toutes choses égales par ailleurs incluses dans le modèle », « autant que faire se peut »), est complètement justifiée, et réduit considérablement l’intérêt de l’étude quantitative.

Dans beaucoup d’autres enquêtes concernant la réussite scolaire cette hypothèse est simplement formulée et admise sans réserve. Certains auteurs expliquent par exemple que le redoublement ne sert à rien puisqu’il ne permet pas de rattraper le retard du redoublant : c’est un raisonnement curieux, qui suppose l’égalité des capacités a priori des élèves et que les causes des difficultés d’un élève en CP disparaissent après le redoublement. La condamnation du redoublement est souvent sans appel, avec des argumentations parfois inacceptables, consistant à reprocher aux enseignants de faire redoubler plus fréquemment les élèves de milieu modeste que les autres (Martine Laronche, 2004). La seule justification du redoublement est l’intérêt de l’élève perçu par les enseignants et les parents, et la seule justification de son interdiction systématique semble être l’intérêt financier du ministère de l’Éducation nationale.

Détection des discriminations

Les résultats d’une étude (Adida C. Laitin D., Valfort M.-A., 2010) menée suivant la méthode précédente « soulignent donc une réalité dérangeante : dans la République française théoriquement laïque, les citoyens musulmans issus de l’immigration rencontrent, toutes choses égales par ailleurs, des obstacles à l’intégration par l’accès à l’emploi bien plus élevés que leurs homologues chrétiens. »

La laïcité n’a rien à voir avec cette discrimination. L’hypothèse TCEA est ici définie par la similitude complète des CV envoyés en double, l’un sous un nom courant, l’autre sous un nom musulman : même âge, même diplôme, même expérience professionnelle, etc. Cette hypothèse revient à considérer que les CV contiennent tous les critères de recrutement utiles aux employeurs, ce qui est évidemment très contestable : ils sont nécessaires, mais pas suffisants. Elle ne tient pas compte de leur expérience, de leur volonté de limiter le risque dans le choix du candidat, des exigences des salariés, de leur protection sociale.

La démarche des employeurs est en quelque sorte « bayésienne », comme celle des policiers accusés de discrimination dans les contrôles d’identité (François Héran, 2010) : « Par rapport aux passants perçus comme « blancs » et selon les lieux observés, la probabilité d’être contrôlé est de 4 à 11 fois plus forte si l’on est perçu comme « noir », de 3 à 13 fois plus si l’on est perçu comme “arabe” […] . Interrogé sur la chaîne France 2, un porte-parole de la Police nationale [… ] a fait valoir que les objectifs de la police étaient d’aller au plus court : il n’y avait pas de sens à contrôler à l’identique les deux sexes, dans toutes les tranches d’âge et tous les milieux, sachant que les risques d’infraction étaient inégalement répartis. C’est un raisonnement typiquement bayésien (le choix du probable doit être guidé par les probabilités passées) ». Les chefs d’entreprise sont confrontés à la même difficulté.

Conséquence : description et prescription

Considérer comme « vraie » l’hypothèse TCEA limite l’explication d’une inégalité au critère considéré pour l’observer. La conséquence est l’interprétation systématique de toute inégalité comme une injustice sociale dont la cause ne peut être que la différence entre les individus des deux membres de l’inégalité : les hommes ont un revenu supérieur à celui des femmes parce que ce sont des hommes. Une autre cause contredirait l’hypothèse TCEA et invaliderait l’analyse.

L’objectif d’égalité réelle ayant remplacé l’égalité en droits dans la Constitution, les conditions d’application du théorème Hume sont vérifiées (Boudon, 2006, p.85) : le résultat descriptif (l’inégalité observée) est complété par un argument normatif (l’objectif d’égalité réelle). Les deux justifient une prescription (impérative) annulant l’inégalité pour rétablir l’égalité : le politique vote des lois pour rétablir l’égalité réelle : lois sur la parité sexuelle, interdisant les discriminations. « Elles s’en prennent aux effets, non aux causes. Or ce sont les causes qu’il faut atteindre, ne serait-ce que pour bien comprendre les effets » (Durkheim, 1928, p. 10). C’est une démarche politique simpliste et scientifiquement infondée.

Références

  • Adida Claire, Laitin David, Valfort Marie-Anne, 2010, « Identifying Barriers to Muslim Integration in France », Proceedings of the National Academy of Sciences, 107(52), 384-390. Url : https://www.pnas.org/content/107/52/22384
  • Boudon Raymond, 2006, Renouveler la démocratie, Odile Jacob, Paris.
  • Dixte Christophe, Loussouarn Christophe, 2024, « « Revenu des médecins libéraux : une légère hausse entre 2017 et 2021, avec de fortes disparités selon la spécialité et l’ancienneté d’installation », Études et Résultats, décembre 2024 • n° 1322, DREES.
  • Durkheim Émile, 1928, Le socialisme, Librairie Félix Alcan, Paris. Url : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1197227d.texteImage#
  • Foucart Thierry, 2024, « Probabilités et statistique appliquées aux sciences sociales et humaines » Url : https://www.mezetulle.fr
  • Gould Stephen J., 1997, La mal-mesure de l’homme, Odile Jacob, Paris.
  • Héran François, 2010, Inégalités et discriminations – Pour un usage critique et responsable de l’outil statistique : rapport du comité pour la mesure de la diversité et l’évaluation des discriminations, COMEDD. Url : https://www.vie-publique.fr/rapport/30934-inegalites-et-discriminations-usage-critique-et-responsable-statistiques
  • Herrnstein Richard J., Murray Charles, 1994, The Bell curve, The Free Press, New York.
  • Laronche Martine., 2004, « Redoublement : les études s’opposent aux pratiques des enseignants », Le Monde, 11 décembre 2004.
  • Tocqueville Alexis, 1835, De la démocratie en Amérique, tome II, Garnier Flammarion Paris, 1981.
  • Troncin Thierry., 2005, « Le Redoublement, radiographie d’une décision à la recherche de sa légitimité », Thèse en Sciences de l’Éducation, sous la direction de Jean-Jacques Paul, Université de Bourgogne.

1 – Voir notamment « Probabilités et statistique appliquées aux sciences sociales et humaines » https://www.mezetulle.fr/probabilites-et-statistique-appliquees-aux-sciences-sociales-et-humaines-par-thierry-foucart/