Les salariés pauvres sous soins palliatifs

Les chaînes de radio et de tv proposent une abondance de chroniques économiques édifiantes, histoire de « faire de la pédagogie » pour ceux qui n’y entendent rien et de les mettre sur les rails de la « rationalité » – car, c’est bien connu, les pauvres ne savent pas bien compter. Gilets jaunes, vos petits calculs se terminent dans le rouge ? Il faut voir les choses de plus haut, dans leur « globalité ». Vous allez tout comprendre.

Le matin du 5 décembre, en pleine crise des Gilets jaunes, c’est Axel de Tarlé qui s’y colle sur Europe 1. Prudent, il se contente de faire le bref compte rendu d’une « passionnante » étude de l’OCDE qui explique lumineusement pourquoi aujourd’hui nombre de salariés ne peuvent pas vivre décemment de leur travail.

Les salaires ne progressent plus, les impôts, les charges et les besoins augmentent. Deux causes à l’origine de ce déclassement : la mondialisation, qui exerce une pression à la baisse sur les salaires sous peine de délocalisation, et la robotisation qui « est en train de tuer les emplois intermédiaires ». Et voilà, Gilets jaunes, pourquoi vos petits calculs de père de famille se terminent dans le rouge !

On rappellera à l’OCDE (notre chroniqueur ne donne pas la référence de l’étude « passionnante » dont il s’inspire) que Aristote, il y a 2300 ans, remarquait que si les navettes à tisser marchaient toutes seules, on pourrait se passer de serviteurs et d’esclaves1 – et nous savons à présent que c’est possible. D’où l’on conclura que la mécanisation et l’automatisation produisent une grande partie de la richesse auparavant extorquée au travail humain. Le bon sens invite à penser que cette évolution pourrait soulager les hommes : effectivement, il se trouve, on l’a bien compris, qu’elle en enrichit quelques-uns. Et on va voir que « le bon sens » est quelque peu différent de la « rationalité » économique dont on nous rebat les oreilles.

Le clou de la chronique est dans sa chute. Que peut faire un gouvernement pour améliorer les choses ? C’est là que l’ingéniosité d’une certaine doxa économique contemporaine atteint des sommets. Apprenez, gueux, ce qu’est la vraie rationalité. On peut faire deux choses.

1° Première mesure salutaire : « imaginer des aides pour que le travail paie davantage » – et la France, je vous le donne en mille, est championne sur ce point. Haha, encore des impôts.

2° Deuxième mesure : ne pas trop s’acharner sur les corps intermédiaires, et comprendre «  l’intérêt d’avoir des syndicats forts, capables de canaliser et de soigner cette colère ». Oui, on a bien lu et j’ai vérifié sur le site d’Europe1, « canaliser et soigner »2.

Autrement dit, pour éviter la multiplication des gilets jaunes, les salariés pauvres et déclassés sont à mettre sous soins palliatifs financés d’une part par le contribuable, de l’autre par les cotisations d’adhérents à des œuvres de charité (oups, pardon, à des syndicats).

J’ai du mal à comprendre pourquoi il faudrait recourir à des aides et à du « soin » orthopédique destiné à « canaliser » l’indignation, alors que la quantité de richesse produite n’a en rien diminué, et aurait même plutôt augmenté grâce aux progrès de productivité obtenus par l’automatisation. Ma naïveté m’incline à penser que cela pourrait peut-être permettre de verser des salaires corrects. L’éléphant que je vois dans la pièce n’est qu’une hallucination produite par mon inculture économique. Non, ôtez vos lunettes irrationnelles déformantes, circulez, il n’y a rien à voir.

 

[Suite, matin du 6 décembre]. Le chœur des économistes « rationnels » chante un lamento à l’unisson pour avertir doctement que l’annulation des taxes prévues début 2019 (annulation annoncée hier soir) aura un coût. Eh oui, ça fait, disent-ils, 4 milliards de recettes auxquelles l’État renonce, et qu’il faudra bien trouver ailleurs ! Où ? Comment alimenter la colonne « crédit », hein ? Ils ont des idées : réduire les niches fiscales, baisser « la dépense publique »…. Voilà que mes visions me reprennent. Il me semble avoir vu passer un éléphant avec une étiquette indiquant un montant pas très éloigné de ce qu’on cherche et comme ma vue a beaucoup baissé, j’ai juste pu lire la première lettre de son nom, c’est un I.

Notes

1 – Aristote, Politique I, 1253b35.

8 thoughts on “Les salariés pauvres sous soins palliatifs

  1. Braize

    Même si De Tarlet et ses semblable sont des ânes, même si la misère économique et sociale existe dramatiquement dans ce pays, même si les inégalités s’accroissent, et même si certaines personnes en situation de pauvreté se trouvent dans ce mouvement et y trouvent un espoir, ne nous laissons pas abuser par ce mouvement.
    Il n’est pas un mouvement des plus défavorisés. Il est fondamentalement un mouvement de la classe moyenne droitière anti impôt, anti Etat et anti élites. un tea party bien blanc à la française. Il porte aussi la sédition par rapport à la République. Il s’appuie, si l’on peut dire, sur un vide de toute pensée structurée et documentée et en refuse même parfois l’idée ainsi que celle de la discussion et de la négociation démocratique.
    Les extrêmes politiques et les ultras de tous bords ont tout à y gagner et ne s’y trompent pas. Nous ne devons rien faire qui les aide et il nous faut soutenir la défense de la République et de ses institutions.
    Un yellow subMarine ?
    https://francoisbraize.wordpress.com

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    1. Mezetulle Auteur de l’article

      Bonjour François.
      Je me pose deux questions.

      1° Un changement radical de politique est-il souhaitable ? Par exemple : Taxer davantage les très hauts revenus (et pas seulement en rétablissant l’ISF), les transactions financières, les multinationales, lutter contre la fraude fiscale, revoir les règles permettant l’évasion fiscale, revenir sur la destruction de la législation du travail, déployer les services publics sur l’ensemble du territoire, indexer les retraites sur l’inflation, rééquilibre l’éventail des salaires en revenant au niveau de celui des « 30 glorieuses », arrêter cette forme d’assistanat que sont les parachutes dorés et les sièges éjectables vers le haut… (la liste n’est pas close). Ma réponse est oui.

      2° Un tel changement est-il possible dans le cadre des institutions républicaines actuelles ? Ma réponse est oui. Et on peut compter sur moi pour défendre, à mon niveau et selon mes forces, les institutions républicaines.

      Mais ce serait intéressant de poser les deux questions (la première peut être étoffée !) aux « Gilets jaunes ». Je ne mettrais pas ma main à couper que la majorité répondrait « non » à la seconde comme vous semblez le croire.
      Le pb est qu’on ne peut pas aborder les propositions du premier point sans s’attirer aussitôt la réponse « vous n’y pensez pas, on creuse le déficit, on n’est plus dans les clous de l’Europe, il faut vous y faire il n’y a pas d’autre politique possible ».

      Juste un rappel : j’ai voté « Non » aux deux référendums sur l’Europe – 1992 et 2005 ; donc je m’obstine dans la mauvaise voie!

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      1. BRAIZE

        Chère Catherine,
        On ne peut prédire ce que répondraient individuellement les gilets jaunes à la seconde question et cela n’a aucun intérêt de se le demander puisque personne ne peut le vérifier de manière opérationnelle sur les 30 000 qui restent aujourd’hui dans le mouvement. Vous avez donc raison de ne rien y mettre à couper…
        En revanche, on sait ce que disent les enquêtes d’opinion comme par exemple celle qui avait montré que le taux, parmi des GJ, des gens qui consentent à l’impôt est d’environ 25% soit à peu près la même chose que pour le RN. Quant au discours anti Etat, anti élites il suffit de les écouter massivement éructer leur haine anti « ceux du haut » comme ils disent pour comprendre à quoi ils se rattachent.
        Bien qu’étant de gauche je ne suis pas un adepte de la culture de l’excuse et quelles que soient les conditions économiques et sociales les GJ sont responsables des haines qu’ils portent dans ce qui n’est que rarement avec eux un débat d’idée.
        D’ailleurs une des récriminations principales des GJ est bien le trop plein d’impôts et de taxes (rejoint par tous nos bons petits libéraux qui veulent réduire le coût de notre Etat providence) au prix les uns et les autres de la malhonnêteté intellectuelle qui fait englober les impôts et les prélèvements sociaux dans une même masse indistincte alors que les secondes n’ont rien à voir avec l’impôt (ou les taxes) et déclenchent des prestations ou des revenus différés). Mais pour pouvoir tuer son chien mieux vaut l’accuser de la rage…
        Les GJ, qui n’ont pas votre cohérence, ajouteraient à votre liste de mesures de la question 1, la baisse des impôts et des taxes, n’étant pas à une incohérence près.
        Cela me conduit à les considérer comme de dangereux zozos y compris pour l’intérêt même des classes défavorisées.
        Vous êtes en revanche cohérente en souhaitant les mesures de votre question 1 et en tirant les conséquences quant à notre participation à la construction européenne sur les bases économiquement très libérales qui sont actuellement les siennes. Ces mesures désignent très clairement, en l’état de l’Union, une seule issue, c’est la sortie
        Pour ma part je ne considère pas que notre appartenance à l’Europe est subordonnée au fait que l’Europe soit de gauche. Car alors rien n’est possible.
        Je préfèrerai que mes concitoyens qui, comme vous et moi, n’aiment pas la politique économique européenne actuelle cessent de voter aux élections européennes pour les partis de droite ou du centre qui prônent une telle politique. L’Europe, comme une Nation, c’est en y étant qu’on la change pas en en sortant. Exiger pour en être qu’elle soit de gauche, n’est-ce pas au fond refuser le jeu démocratique d’élections libres ?
        Bien amicalement
        F

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        1. Mezetulle Auteur de l’article

          Cher François,

          Nous recueillons les fruits amers et explosifs de l’absence d’offre politique crédible. On nous a seriné pendant des décennies qu’il n’y a qu’une seule politique possible, There is no alternative. Cela s’est fait de manière masquée et honteuse, et cette fois avec Macron les choses apparaissent au grand jour, en toute insolence – au moins on ne peut pas lui faire le reproche de dissimulation. Il a annoncé maintes fois que l’un de ses objectifs est de remplacer la loi par le contrat en matière de travail et de régulation sociale. Il a dit depuis le début que le cœur de sa cible est le modèle issu d’une part de la Révolution française (un pays de petits propriétaires fonciers, ce qu’il appelle « la rente » – comme si toucher des dividendes n’en était pas une, et souvent d’un tout autre calibre !) et de l’autre du CNR et des Trente Glorieuses avec son réseau homogène de services publics (« le modèle social »). Comme si toucher un parachute doré de plusieurs millions d’Euros après avoir fait la preuve de son incompétence n’était pas une forme d’assistanat. Comme si un écart de salaire de 1 à 300 reflétait l’écart des talents et des utilités. Mais non, on continue, on ferme hôpitaux et bureaux de poste, on sous-paie professeurs et infirmiers, on désindexe les pensions! Macron -il n’est pas le premier à le faire – ne cesse de brader le patrimoine national en vendant ici un aéroport, là des barrages (c’est pourtant de l’énergie renouvelable, un bon point pour la transition écologique). Et maintenant il feint de découvrir que bien peu de Français parmi les électeurs du second tour l’ont élu sur son programme…

          La REM a tenté pendant les premières semaines du mouvement « Gilet Jaune » de jouer la carte « entre Le Pen et nous, il n’y a rien » et de noircir ce mouvement en le réduisant à un poujadisme antirépublicain. Ma vision est quelque peu différente et plus nuancée : on est en présence d’un mouvement de type « cahiers de doléances » qui est forcément toujours confus et souvent contradictoire dans ses débuts, dans lequel certes on peut trouver la tendance que vous décrivez ; mais très nombreux y sont les salariés, les retraités pauvres, les petits fonctionnaires et les choses commencent à se décanter, à s’organiser, à se clarifier. Cette clarification me donnera peut-être tort, mais il faut au moins, au lieu de l’étouffer, l’encourager. Je connais quelques personnes, toutes salariées ou retraitées, sur des ronds-points : elles y découvrent la solidarité de la lutte, y retrouvent la dignité, sans compter que d’autres y trouvent tout simplement de quoi mieux se nourrir – manger de la viennoiserie au petit-déjeuner oui c’est un plaisir mais le pain au chocolat coûte 1,10 euros… J’entends ce que vous dites – un rejet des taxes – mais j’entends aussi, corrélativement (et souvent dans le même souffle) l’acceptation du principe même de l’impôt et la demande de redistribution. Pratiquement tous savent que les Français sont – devraient être – tous riches en retour (en services publics homogènes) des impôts qu’ils paient. Et je ne vois pas que la confusion entre fiscalité et cotisation sociale soit si répandue chez les Gilets jaunes : elle l’est bien davantage, et sous forme de sophisme délibéré, dans le discours d’économistes bienpensants qui ne cessent de répéter que « La France est championne des prélèvements » en se gardant bien de rappeler la distinction.

          L’acharnement à noircir le mouvement a été jusqu’à présent une erreur politique (dont on ne peut sortir que par un changement radical d’orientation). C’est aussi une faute pour la sécurité publique. Car cela s’est traduit sur le terrain de l’ordre public et des manifestations par une « gestion » désastreuse durant quinze jours produisant un spectacle (je choisis exprès ce mot) navrant complaisamment relayé, spectacle dont on peut penser qu’il a été coupablement toléré. Personne ne peut croire qu’il était impossible le 1er décembre d’isoler les casseurs, d’en arrêter certains préventivement (à quoi sert la nouvelle loi qui inclut sur ce point certaines dispositions de l’état d’urgence ?), en donnant des ordres appropriés d’intervention dynamique aux policiers CRS et gendarmes. Mais le faire eût été administrer la preuve qu’il y a une distinction réelle à introduire entre ceux qui essaient de se rendre visibles par un accessoire ordinairement destiné à la détresse et ceux, en grande partie connus, qui cassent pour le fun et pillent par opportunité. Le prétendu « changement de tactique » dans le maintien de l’ordre pour la journée du 8 décembre l’a montré ; on doit tenir compte de cette césure, car elle n’est pas seulement sécuritaire et technique.

          Je ne me fais aucune illusion sur l’exploitation politique qui me semble s’engager – et ici je vais vous rejoindre probablement sur bien des points.
          – Soit un scénario « à l’italienne » qui du reste gagne du terrain dans d’autres pays d’Europe parce que les électeurs n’ont pas d’offre politique vers laquelle se tourner.
          – Soit une « reprise en main » par le macronisme qui, proposant quelques petites mesures destinées à soulager « les plus démunis », se financeront sur le dos des classes moyennes supérieures tout en continuant à épargner les très gros revenus et à favoriser la mise en place d’un modèle contractuel mondialisé. Dans cette reprise, ceux qui touchent plusieurs dizaines de milliers d’Euros par mois (quand ce n’est pas plusieurs centaines, et encore suis-je sans doute au-dessous du compte) parviendront de nouveau à persuader à ceux qui n’en touchent que 1000 (et moins), que le problème vient de ceux qui en touchent 5000 et que ce sont ces derniers qu’il faut taxer sévèrement. L’autre volet de cette exploitation politique en forme de reprise en main, on le voit poindre déjà : tous ces bons apôtres libéraux, la bouche en cœur, ne cessant de parler « des territoires » réclament bien entendu, « davantage de décentralisation ». Or la fracture territoriale, comme on dit, est en grande partie l’effet d’une très coûteuse et désastreuse politique de décentralisation qui a permis la désertification rurale et la ruine des petits centres urbains, au mépris de tout aménagement raisonnable du territoire national (le seul « territoire ») pris dans son ensemble. Cet aménagement doit être pensé au niveau national en déployant de manière homogène les services publics et non en les marchandisant.

          Je suis donc pessimiste, parce qu’il n’y a pas d’offre politique, parce que je pense que la révolte populaire, probablement vigilante sur la question du pouvoir d’achat sur laquelle elle ne s’en laissera pas conter, se fera de nouveau rouler dans la farine par un discours contractualiste, « décentralisateur » et de « démocratie participative », cheval de Troie de l’antirépublicanisme mondialiste virulent qui anime depuis trente ans une grande partie de la classe politique.

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          1. braize

            Je vous rejoins sur beaucoup de points et notre divergence ne porte en fait, si on laisse de côté la question européenne, que sur la nature de ce mouvement sur lequel je suis beaucoup moins optimiste que vous.
            Demain nous dira.
            Pour ce qui concerne Macron à mon avis, s’il veut sauver les trois ans qui reste à son quinquennat réformateur, il n’a pas d’autre solution que la dissolution de l’AN.
            A quitte ou double.
            Dans les autres hypothèses il finit comme Chirac en survêtement devant la TV.

      2. Jeanne Favret-Saada

        Merci, Catherine. Tout débat sur ces événements qui nous importent à tous au premier chef est en effet commandé par les deux questions que vous posez. Il y avait aussi une question annexe sur l’écologie, mais elle a heureusement fait long feu.
        Pour ma part, j’ai voté « Oui » à la dernière minute en 1992, mais j’en ai eu honte, si bien que je n’ai pas hésité à voter « Non » en 2005, malgré Le Pen.

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  2. Antonio.C

    Bonjour
    Les économistes ont ceci de particulier qu’ils ne disent que ce qui nous est supportable. Ils ménagent notre tendance à nier la réalité. Ils se souviennent de l’histoire du messager. Que dit notre pédagogue Axel de Tarlé.
    La logique du capitalisme est a-morale ; quand nous nous entêtons à rester des êtres moraux. Le capitalisme a intégré l’idée de la souffrance et de la mort des plus faibles voire s’en délecte. Si ces derniers veulent survivre ils doivent payer les plus riches car si la vie n’a pas de prix elle a un coût. Je m’inscris en faux contre l’idée que le capitalisme nous vendra la corde pour qu’on le pende. Je vous propose de penser que le capitalisme nous fait fabriquer la corde qu’il nous vend pour qu’on se pende.
    Il dit ensuite que la logique du réformisme est de rendre les choses insupportables supportables à l’instar des dames patronnesses du passé ; de soutenir la dénégation de la violence structurelle du système jusqu’au déni. Pour nous ménager, notre économiste ne cite pas le syndicat chargé de nous soigner, la CFDT, qui s’est spécialisé avec la gauche réformiste dans le rôle de chausse-pied du capital. Espoir servile mais serviable qu’on ne se blesse pas en le chaussant de force. Mais vous verrez que si je dis les choses ainsi je me rends insupportable à nombre de vos lecteurs.
    Avec la laïcité. La France est une République laïque et sociale. C’est bien plus que la démocratie qui n’en est qu’une conséquence. Peut-être faut-il redéfinir ce qui est un privilège (salaire mirobolant, actions..) et ce qui est la juste récompense de son action et mérite individuel. Et dire en quoi un impôt comme l’ISF ne peut rétablir le déséquilibre bien longtemps, sauf symboliquement. Les hommes se tuent pour des symboles tout le temps, et de temps en temps seulement pour des pâtes ; oui mais des vraies.
    Cordialement

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  3. Jeanne Favret-Saada

    A quelques heures de la prise de parole du président Macron, je prends le risque d’envisager une autre possibilité que celle imaginée par Catherine. Que se passera-t-il si le chef de l’Etat ne convainc pas les révoltés (par exemple, si les propositions de « démocratie participative » leur paraissent incrédibles), et s’il ne retrouve pas un minimum de légitimité ? Ils pourraient, par exemple, continuer à manifester le samedi dans les grandes villes, et, si c’est impossible, bloquer tous les jours des croisements de routes et des autoroutes à travers le pays, un genre d’action qu’ils réalisent brillamment et dans une grande allégresse.
    Le gouvernement a jeté toutes ses forces dans la maîtrise (d’ailleurs relative) de la dernière manifestation. On ne voit pas qu’il puisse poursuivre longtemps dans cette voie, les syndicats de police ayant souligné que leur rôle n’était pas de remplacer une légitimité politique absente.
    En somme, les gilets jaunes ne constituent pas, aujourd’hui, une force politique capable d’avancer des revendications, d’ouvrir une négociation, et de modifier leur situation. Il ne s’ensuit pas qu’ils « ne sont rien », ou que leur révolte, d’ailleurs reconnue et applaudie par des fractions importantes de l’opinion, n’est rien.

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