Un long entretien – réponses de Catherine Kintzler à six questions – publié sur le site du syndicat enseignant SE-UNSA1 sur le sujet « Laïcité et école ».
Voici un extrait de la réponse à la première question – « Vous êtes spécialisée en philosophie de l’art. Comment en êtes-vous arrivée à la question de la laïcité ? » :
« [….] J’étais sur le point d’achever mes travaux de doctorat lorsque, à l’automne 1989, éclate l’affaire dite « de Creil » sur le port du voile islamique dans les établissements d’enseignement primaire et secondaire publics. Il aurait suffi, me semble-t-il, d’un peu de fermeté et de volonté politique de la part du ministre alors en exercice : réactiver les circulaires Jean Zay. Mais Lionel Jospin ne l’a pas entendu ainsi. En fait, je ne devrais pas dire qu’il a manqué de volonté politique car c’est bien une politique que de fermer les yeux sur le port de signes religieux à l’école publique par les élèves. Très vite, avec Elisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut et Elisabeth de Fontenay, nous avons écrit la « Lettre ouverte à Lionel Jospin », publiée dans Le Nouvel Observateur en novembre 1989. J’ai soutenu ma thèse sur l’opéra dans cette ambiance survoltée. Et j’ai ruminé la question de la laïcité, non pas de manière massive comme je l’avais fait avec celle de l’école, mais point par point, en publiant des articles qui m’étaient en quelque sorte « commandés » par les sujets d’actualité qui, à chaque fois, posaient un problème dont l’élucidation permettait de dissiper une ambiguïté et de mieux cerner le concept (la laïcité scolaire, l’affaire « du gîte d’Epinal », le financement des cultes, le port de la cagoule, les cimetières, etc.). Après avoir publié le bref essai « académique » Qu’est-ce que la laïcité ? (Vrin), en 2007, j’ai tenté une synthèse de cette démarche théorique et pratique dans Penser la laïcité (Minerve, 2014). […] »
Les autres questions :
- Selon vous, en quoi la laïcité va-t-elle au-delà de la tolérance ?
- De plus en plus de Français souhaiteraient bannir les signes religieux de l’espace public. Mais n’est-ce pas déjà le cas ? De quel « espace public » parle-t-on ?
- L’École publique est le lieu par excellence de la laïcité. Quel est le statut de l’élève en son sein ?
- À votre avis, la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école a-t-elle été efficace ? Pourquoi était-elle nécessaire ?
- Comment analysez-vous les récents propos de Najat Vallaud-Belkacem concernant les accompagnateurs de sorties scolaires ?
Lire l’intégralité du texte sur le site SE-UNSA (accès gratuit en ligne). Version abrégée dans la revue L’Enseignant N° 183, février 2015, p. 16-17.
- Entretien réalisé le 2 janvier 2015, questions et présentation par Cyrille Chaleix. http://www.se-unsa.org/spip.php?article7536 accès gratuit en ligne [↩]
Merci pour l’immense travail que vous faites ! Je lis la plupart de vos contributions, et les apprécie toujours autant. Je ne le commente pas, mais je tenais à vous remercier pour l’ensemble de votre « grand oeuvre ».
Merci beaucoup, cela fait très plaisir. Hum, le « grand oeuvre »… même si on peut souhaiter une mutation de l’école, je doute que cela puisse se faire par une opération alchimique ! Mais enfin, les faveurs d’Hermès ne sont pas à négliger !
J’ ai lu l’intégralité de votre interview et vous êtes sans concession. Ce qui est très bien . Je n’ai pas encore eu l’occasion d’en lire ce qu’il en reste dans le journal de ce syndicat. Je voudrais seulement rappeler que le SE-UNSA est un fervent partisan de la réforme des rythmes scolaires et de l’introduction des TAPS à l’école ( cet avatar du cheval de Troie ) . Réforme qui , pour être courageuse , aurait du restituer le samedi à l’ école et les heures d’enseignements disciplinaires aux élèves qui en avaient été spoliés. En place de quoi nous faisons face à des élèves exténués et désorientés . Cette organisation syndicale n’est pas la seule signataire de « L’appel des 50 » . Il me semble que vous inviter à vous exprimer dans leurs colonnes c’est un peu comme l’huile et l’eau … ou faire preuve ,de la part du SE-UNSA , de duplicité .