Hamas : terrorisme au service d’une visée planétaire

Pour se faire une idée de ce que vise le mouvement Hamas, il est utile de lire sa « Charte ». J’en ai trouvé deux versions sur le web. C’est édifiant.

La lecture de la première version (1988) se passe de commentaires. C’est un terrifiant morceau ampoulé de dévotion guerrière prônant l’exclusivité islamique planétaire. À lire sur le site du Sénat https://www.senat.fr/rap/r08-630/r08-630-annexe2.pdf

La seconde version (2017) s’efforce de gommer le caractère expressément agressif, antisémite, antimaçonnique, antilaïque (j’en passe, on n’en finirait pas d’énumérer les composantes de « la communauté de l’infidélité ») et mondial de la précédente. À lire sur le site de l’association France Israël https://franceisrael.fr/wp-content/uploads/2018/12/Charte-Hamas-2017.pdf

Faut-il prendre ces adoucissements pour argent comptant ? Il serait plus juste de parler de camouflages. Outre que la négation de l’État d’Israël y est maintenue, l’ambition planétaire y pointe le bout du nez. L’hésitation de la traduction en langue française de cette seconde version, s’agissant du mot « islam », entre la majuscule initiale (laquelle indique une aire d’influence – à glorifier et à étendre, bien sûr !) et la minuscule (qui désigne une religion) en dit long.

Quand on lit dès le préambule que « La Palestine est l’esprit de la Oummah [la communauté des Croyants] et sa Cause centrale ; c’est l’âme de l’humanité et sa conscience vivante. », on a compris. Et quand l’article 8, après avoir posé en principe que « L’Islam [cette fois la majuscule initiale est pertinente] offre un mode de vie complet [bonne caractérisation de l’intégrisme] et un ordre qui conviennent à toutes les époques et tous les lieux. », avance qu’un tel régime « protège les adeptes des autres croyances et religions qui peuvent pratiquer leur foi en toute sécurité », on en rirait presque, si ce n’était sanglant, cruel, dégradant et inhumain comme le monde entier a pu le voir le 7 octobre et les jours suivants – sans pouvoir cette fois détourner les yeux – lors de l’attaque contre Israël. Notons tout de même que cette « protection » ne s’étend pas aux non-croyants ; il ne faut pas exagérer.

On lira aussi avec intérêt les articles 25 et 26 qui appellent à la « résistance » par tous les moyens, et toutes les méthodes.

Encore un petit détail dans cet aménagement édulcorant : il était peut-être un peu trop question de « la femme musulmane » dans la première version qui lui consacrait un chapitre entier, très détaillé. La seconde se contente de glorifier et de qualifier généralement « les femmes palestiennes ».

Etc. : lecture non exhaustive.

NB – Au moment où j’écris ces lignes [13 octobre, 14h], on apprend l’attaque meurtrière au couteau dans un lycée d’Arras. Un professeur de lettres est tué, deux autres membres du personnel sont blessés dans un état grave. L’assaillant, actuellement en garde à vue, un Tchétchène d’une vingtaine d’années, vraisemblablement ancien élève de l’établissement, est fiché S. Il aurait crié « Allah Akbar » et aurait été à la recherche un professeur d’histoire-géographie.
La similitude avec l’assassinat de Samuel Paty, dont on commérorera le 3e anniversaire dans trois jours, ne peut manquer de sauter aux yeux. Ajoutons que l’ancien chef du Hamas Khaled Meshaal a appelé les muslmans du monde à un « jour de djihad » ce vendredi 13 octobre https://www.dailymail.co.uk/news/article-12621915/khaled-meshaal-hamas-friday-13th-day-jihad.html. Ça fait beaucoup de coïncidences.

NB. LIre le communiqué de la Société française de philosophie du 13 octobre  au sujet du Proche-Orient.

5 thoughts on “Hamas : terrorisme au service d’une visée planétaire

  1. Claustaire

    Merci pour ces rappels et ces liens.

    Prendre acte qu’à Arras ce n’est plus un prof particulier (parce qu’il aurait « fauté » ou « provoqué ») qui a été tué par le terrorisme islamiste, mais juste un enseignant… parce qu’il était enseignant.

    Comprendre que c’est notre Education Nationale même qui est visée, celle qui veut apprendre à réfléchir, à penser, à délibérer, à lire autre chose qu’un Livre saint et unique à ânonner.

    Comprendre que l’islamisme en France vise la même chose que le terrorisme Boko Haram (lequel affirme que « Lire-apprendre est haram-interdit ») en Afrique : interdire l’école, interdire l’instruction, interdire d’apprendre la liberté de penser.

    Et dire que dans cette France qui se prétend encore des Lumières se mobilisent tant de groupes et d’assos qui se croient assez ‘humanistes’ et éclairés pour soutenir aveuglément cet obscurantisme religieux ou empêcher que soient expulsés certains provocateurs avérés !

    PS : On pourrait aussi (ré)écouter Caroline Fourest sur France Inter, hier matin (samedi 14 octobre) à 8 h 20 , quand elle signale à quel point les « lanceurs d’alerte » comme elle ne peuvent que finir épuisés de voir qu’à chacune de leurs alertes ils sont dénoncés comme racistes, fascistes, ‘islamophobes’ par la gauche-autruche qui ne veut pas voir arriver les vagues du prosélytisme religieux lancées contre l’Occident laïque ou libre-penseur. Cette même gauche qui soutient les manifestations dites ‘propalestiniennes’ et de fait pro Hamas, c-à-d, pro-terroristes.

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  2. pekka

    Dans la charte de 2017, on peut lire ce qui suit : »Sans compromettre son rejet de l’entité sioniste et sans renoncer à aucun droit palestinien, le Hamas considère que l’établissement d’un Etat palestinien pleinement souverain et indépendant, avec Jérusalem comme capitale selon les frontières du 4 juin 1967 [avant la Guerre des Six Jours] avec le retour des réfugiés et des déplacés dans leurs maisons d’où ils ont été expulsés, est une formule de consensus national.» Faut il considérer cela comme du camouflage ? Il me semble que sans remettre en cause la nature et les objectifs du Hamas il doit aussi tenir compte des intérêts de ses soutiens qui, la plupart ont déjà reconnu la les « frontières » de 1967.

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    1. Mezetulle Auteur de l’article

      Le réalisme politique n’est jamais exclu… et peut être un simple moment politique. Il faut lire le début de la phrase « Sans compromettre son rejet… ». Mon sentiment est que la version « transcendante » de 1988 fournit un appui pour lire la version « réaliste » de 2017 et y rétablir l’arrière-plan théologico-politique.

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