J’ai fait la connaissance de Gisèle Halimi peu après « l’affaire des foulards » de Creil à l’automne 1989. Le manifeste « Profs ne capitulons pas ! Lettre ouverte à Lionel Jospin » a été publié dans Le Nouvel Observateur daté du 2 novembre 89. C’est à cette même date que Gisèle Halimi, invitée à « Soir 3 », explique pourquoi elle a démissionné de SOS racisme. On peut voir l’archive sur le site de l’INA .
Elle a participé, dans les mois qui suivirent, à la fondation du Comité Laïcité République1, et c’est à cette occasion que je l’ai rencontrée. Je me souviens de sa fermeté, de son calme, de son argumentation lumineuse, précise et concise. En présence de son énergie, de son éclat, à son écoute, on se sentait tiré vers le haut, on avait honte de ne pas oser lutter. Puisse son souvenir raviver, entretenir et développer la salutaire audace du combat féministe universaliste !
On lira dans Marianne « La femme est l’avenir de l’homme, hommage à Gisèle Halimi » par Henri Pena-Ruiz, avec « un bref inventaire de ses luttes » ; ainsi que, sur le site du Comité Laïcité République, le bref article « coup de gueule » de Jean-Pierre Sakoun « Gisèle Halimi et les délires ‘néoféministes’ ». Sans oublier l’entretien de Sonia Mabrouk avec Aziliz Le Corre pour Figarovox « Le féminisme de Gisèle Halimi se conjuguait avec l’universalisme« .
1 – Comité fondateur de soutien : Maurice Agulhon, Louis Astre, Pierre Bergé, Henri Caillavet, Jean-Pierre Changeux, Fanny Cottençon, Régis Debray, Manuel de Dieguez, Clément Durand, Alain Finkielkraut, Yves Galifret, Max Gallo, Gisèle Halimi, Catherine Kintzler, Albert Memmi, Sami Naïr, Claude Nicolet, Emile Papiernik, Jean-Claude Pecker, Yvette Roudy, Claude Villers.
Oui, madame Gisèle Halimi, un très grand homme qui va nous manquer, en espérant que d’autres sauront reprendre le flambeau avec son niveau d’exigence.
Je ne trouve pas son intervention sur le site de l’INA, même en faisant une recherche par mots-clefs. Bizarrement, elle est sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=3D-3pICS51Y
Merci pour la lettre ouverte à Lionel Jospin, que je ne connaissais pas. Elle est tellement émouvante et juste, qu’elle m’a parlé au plus profond de mes tripes. En la lisant, on sait pourquoi on se bat et on continuera à se battre.
Jospin a été un excellent gestionnaire, mais malheureusement il n’a jamais rien compris à ce qui est resté de « l’accessoire » pour lui, et je pense que c’est précisément ce qui lui a fait perdre les élections : ses « compromis » avec la violence sociale, religieuse, économique… Il y a des phrases qu’on ne peut pas entendre (il a été un vrai champion des phrases douche-froide pour justifier qu’il ne ferait rien), sans comprendre en même temps qu’il avait peur de la bagarre. C’est rédhibitoire pour devenir un Président, quelles que puissent être les préférences politiques.
P-S. : ça y est le lien sur l’INA est revenu… un bug temporaire sans doute.