Corps sonore et signe passionné,
articulation et vocalité, esthétique et morale.
« Un autre être sensible est ici »

Pourquoi sommes-nous touchés par la musique ? Pourquoi, lorsque nous entendons des sons qui nous semblent agencés, savons-nous qu’« un autre être sensible est ici » ? Deux conceptions se font face. Vibration fondamentale qui déploie la magnificence de la nature et rend possible toute langue, ou souffle animé premier qui chante les émotions humaines ? Articulation systématique du corps sonore ou modulation vocalique du signe passionné ? Cette violente et féconde gémellité musicale remonte aux mythes musicaux : il y a ceux du vibratoire et ceux du pneumatique ; les uns comme les autres veulent faire entendre l’inouï. Mais, sous la plume de Rousseau, elle excède la musique et éclaire la réflexion sur l’ensemble du champ esthétique, dont on découvre qu’il est aussi un domaine moral.