Mis en ligne le 2 juillet, on peut lire en accès libre sur le site Figarovox un entretien avec Aziliz Le Corre au sujet du voile des assesseurs dans les bureaux de vote et, derechef (car j’avais abordé la question à plusieurs reprises en 20161), du « burkini ». L’entretien se termine par un commentaire de l’ambivalence de l’expression « espace public » et un rappel de la dualité des principes dans le fonctionnement du régime laïque.
Questions d’Aziliz Le Corre pour Figarovox :
1 – « Le maire EELV de Grenoble demande à Jean Castex de préciser les règles d’hygiène et de sécurité sur lesquelles se fondent les règlements intérieurs des piscines à l’égard du burkini. Le débat sur le «burkini« se limite-t-il aux règles d’hygiène, comme le dit Éric Piolle ? »
2 – « Au premier tour des régionales, Jordan Bardella, tête de liste RN en Île-de-France, a voté dans un bureau de vote de Seine-Saint-Denis et l’assesseur était une femme portant le voile. Le vice-président du RN a saisi la préfecture, relançant la polémique sur le port des signes religieux ostentatoires. La laïcité doit-elle conduire à les interdire ? »
3 – « La liberté ne doit-elle pas rester première dans l’espace public ? »
Lire l’intégralité de l’entretien sur le site Figarovox.
1 – Voir notamment, en août 2016 « Le problème n’est pas la laïcité, mais l’islamisme« , entretien avec Alexis Feertchak pour Figarovox toujours accessible sur le site Figarovox. Un texte avait été également publié par Marianne.net à la même époque.
Merci Chère Catherine de toutes ces précisions que ce soit sur les assesseuses voilées ou le port du burkina on ne peut que vous rejoindre. Je n’ai qu’une précisions à apporter mais elle est essentielle.
Quelque part dans la publication en ligne du Figarovx il est dit « qu’un candidat d’un parti islamiste a le droit de solliciter les suffrages » ce qui m’a fait sursauter car cela n’est pas si simple.
Notre démocratie est bien bonne, c’est bien connu, mais pas naïve.
Elle a ses limites qui ont été fixées par nos principes fondamentaux constitutionnels et la CEDH notamment qui a admis à propos d’un parti islamiste qui prônait la charia au besoin par la violence qu’il pouvait être à bon droit interdit, lui et ses candidats, et, ce, sans qu’il soit fondés à se plaindre au nom des libertés constitutionnelles qu’il ne peut invoquer à son profit puisqu’il entend les abattre. (Je tiens à disposition de qui le souhaite les références de la décision de grande chambre de la CEDH qui a ainsi statué dès le début de ce siècle).
C’est très clair et mérite à chaque fois que nécessaire d’être précisé et rappelé, la rouerie de nos ennemis et la niaiserie de leurs alliés objectifs étant sans borne, notre pugnacité doit l’être aussi.
Merci François pour cette précision. Il est bon de connaître cette disposition. Il serait encore meilleur d’y recourir effectivement chaque fois qu’on le peut, mais cela n’est pas si simple comme vous le dites.
J’ai dit non pas « candidat d’un parti islamiste », mais « issu d’un parti islamiste ou soutenu par un tel parti »… Peut-être que le mot « groupe » aurait été plus approprié.
Il suffit de taper dans un moteur de recherche « candidat islam politique » ou « élections islam politique » pour voir apparaître nombre d’articles sur les stratégies d’entrisme à peine « voilées » dans les élections les plus récentes.
Par exemple et entre autres
Interview de Bernard Rougier par Jean Chichizola août 2020 https://www.lefigaro.fr/actualite-france/municipales-les-candidats-de-sensibilite-islamiste-ont-gomme-les-asperites-ideologiques-dans-leurs-programmes-20200816
https://www.marianne.net/politique/europeennes-2019-union-des-democrates-musulmans-francais-resultat
municipales 2020 https://www.lefigaro.fr/elections/municipales/municipales-clientelisme-a-la-sauce-islamique-20200320
https://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/midi-pyrenees-politiques-france3/2019/10/23/municipales-a-toulouse-qui-se-trouve-derriere-les-democrates-musulmans.html
régionales 2021 https://www.rue89lyon.fr/2021/06/03/farid-omeir-udmf-regionales-auvergne-rhone-alpes-2021/
Merci de vos précisions et informations, très intéressantes.
Pour que la protection puisse jouer par le refus out rejet d’une candidature il est nécessaire d’interdire le parti, groupe, mouvement ou liste qui prône l’instauration de la charia au besoin par la violence et/ou la contrainte et donc ainsi de pouvoir récuser ses candidats sinon je crains qu’on ne puisse refuser un candidat à la tête du client à moins que sa profession de foi individuelle, son programme, ou ses promesses ne fasse explicitement allégeance ou ne porte adhésion aux mêmes objectifs.
Bien amicalement
F
Chère Catherine
Après les lectures que vous avez conseillées sur des élections récentes et la taqiya que pratiquent les islamistes, il nous faut bien réfléchir, en philosophie du droit et en droit, à la question du refus de certaines candidatures aux élections, question essentielle mais très perturbante pour ce qui me concerne.
En effet, comment articuler la liberté politique que tous les démocrates souhaitent la plus large possible et le respect des valeurs démocratiques et des principes fondamentaux qui nous construisent depuis deux siècles ?
A cet égard, peut-on admettre que certains proposent de les abroger ou d’y renoncer et reçoivent des moyens et soutiens notamment financiers publics pour ce faire ? Peut-on admettre de laisser mettre ce qui constitue notre essence à la loterie du suffrage populaire, loterie compte tenu des modes actuels de formation de l’opinion publique par les médias et les réseaux sociaux ? Le peuple peut-il ainsi tout par son suffrage ?
La démocratie est-elle à ce point naïve qu’elle devrait admettre à sa table de jeu, en application de son propre principe de liberté, ceux qui veulent l’abattre ?
Questions qui peuvent légitimement paraître terrifiantes.
Pour l’instant l’affaire reste dans le flou car notre texte constitutionnel (la Constitution du 4 octobre 1958) ne tranche pas clairement ces questions même si Jean-Eric Shoettl a pu considérer l’interdiction des listes communautaires selon lui possible par la loi (voir à cet égard : https://www.lefigaro.fr/vox/societe/jean-eric-schoettl-pourquoi-il-faut-refuser-les-listes-communautaristes-aux-municipales-20191111). J’ai tenté de lui répondre ici même (voir : https://www.mezetulle.fr/faut-il-et-peut-on-interdire-les-listes-communautaires/). En tout cas, il est à tout le moins discutable selon moi et il y a doute très sérieux sur le fait que notre texte fondamental permette cette interdiction par loi aujourd’hui, alors qu’il le faudrait pourtant avec toute la certitude requise face aux visées et moyens de certains de nos adversaires ou ennemis.
Continuer à laisser tout cela dans le flou était insatisfaisant mais après tout concevable, tant que nous n’avions à faire qu’à quelques groupuscules ou partis gauchistes ou droitiers, voulant abattre la République voire même la démocratie politique. Il me semble que cela ne peut plus continuer, qu’il faut prendre parti et que la question soit mise dans le débat de la campagne présidentielle pour 2022 afin que chaque candidat se positionne.
A l’évidence, il ne devra pas s’agir que du sujet de l’islamisme mais de tous les mouvements politiques qui doivent être soumis aux mêmes règles. Que voulons nous sacraliser dans une sorte de socle commun sous protection constitutionnelle, socle auquel aucun ne pourrait plus dès lors toucher, ni même ambitionner de toucher, pour le réduire mais seulement, si le peuple ou ses représentants venaient à le vouloir, pour l’enrichir ?
Je me dis que nous n’aurons pas d’autre solution, si nous voulons pouvoir refuser des candidatures ou des listes qui ne sont pas dans les clous démocratiques et républicains, que de faire une modification constitutionnelle ayant pour objectif de définir ce socle que le peuple s’imposerait ainsi à lui même en même temps qu’à tous.
Il est clair, et j’ai déjà écrit ici même sur le sujet d’un « Pacte républicain constitutionnel » bien formalisé (voir à cet égard : https://www.mezetulle.fr/le-jour-dapres/), qu’il faudrait y revenir dans la perspective de 2022.
Nous ne pourrons plus très longtemps encore continuer à nous parer ou nous payer de faux-semblants.
Un « prêche » dans le désert de plus en plus hélas…
Vous avez bien fait de mettre le mot prêche entre guillemets, car ce n’est pas un genre littéraire que je pratique…