Avec deux articles très argumentés de Jean-Éric Schoettl et de Gwénaële Calvès, un débat est ouvert sur la notion d’habitus laïque. La laïcité est avant tout un principe d’organisation de l’association politique et elle s’exprime par un corpus juridique, des lois. Mais au-delà de cet aspect fondamental, peut-on parler de moeurs laïques pratiquées par la population au sein même de la société civile ?
Ne s’agit-il pas de comportements induits par les règles juridiques, ou rapportés – parfois à tort – à l’existence de celles-ci, ou dus à des caractères sociaux sans rapport avec la laïcité comme le nombre important de personnes sans religion ? Cette sorte de civilité qui fait que, en France, du moins jusqu’à présent, on reste discret sur ses appartenances, est-elle essentiellement liée à la laïcité au point qu’elle en serait le soubassement social à préserver ?
Mezetulle propose une brève contribution au débat en avançant une question : sans préjuger de son rapport à la laïcité, cette vertu de discrétion n’est-elle pas aujourd’hui à double tranchant ? Cette forme de civilité pourrait être un alibi pour la crainte d’affirmer ses opinions. Faut-il par « discrétion » s’abstenir de critiquer, de caricaturer, de heurter des « sensibilités » toujours plus enclines à s’offusquer et qui par là tendent à saturer l’espace partagé ?
- Laïcité : la norme et l’usage par Jean-Éric Schoettl (16 décembre 2020).
- Des habitus laïques ? Des habitus antilaïques ? par Gwénaële Calvès (20 décembre 2020).