Du respect érigé en principe
Blasphème et retournement victimaire : faut-il « respecter toutes les croyances » ?
Les anciennes législations sur le blasphème tendent à disparaître dans les États où règne la liberté d’expression. Mais l’accusation de blasphème n’a pour autant pas disparu ni perdu en virulence : elle a changé de nature et de sens en opérant un retournement victimaire. Ce n’est plus Dieu ou ses prophètes qui sont prétendument offensés, mais les croyants eux-mêmes dans leur sensibilité – comme le montre notamment sur l’exemple du cinéma Jeanne Favret-Saada dans son dernier ouvrage. La conséquence d’un tel retournement, s’il était admis, n’est pas mince : faut-il considérer les convictions comme essentielles à la personne et ériger en principe le respect de toute croyance du fait qu’elle s’affirme comme telle ? On relira à ce sujet un passage de la Constitution de la Ve République.