Archives de catégorie : Politique, société, actualité

À sa place ou déplacé. Récit transclasse et pensée victimaire (par Fabrice Ravelle)

Fabrice Ravelle réfléchit sur la construction et l’usage du concept de ‘transclasse’ – « ces personnes qui migrent d’une classe sociale à l’autre dans un mimétisme qui se sent parfois coupable ». Parti d’une expérience personnelle, nourri par la lecture de récits contemporains (Didier Eribon, Edouard Louis, Annie Ernaux) éclairé par des travaux de recherche (Chantal Jaquet, Gérald Bronner, Frédéric Martel), il soulève la question d’une « pensée victimaire » et d’une assignation qui, au nom d’une identité contraire à la singularité, récuse le principe d’émancipation.

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L’hypothèse « toutes choses égales par ailleurs »

Thierry Foucart prolonge et approfondit une réflexion déjà engagée dans les colonnes de Mezetulle sur l’usage peu rigoureux des probabilités et de la statistique dans le domaine des sciences sociales. Il examine ici, en l’illustrant avec quelques études de cas, l’hypothèse bien connue « toutes choses égales par ailleurs », souvent utilisée pour détecter l’existence de discriminations.

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De Castoriadis à Ibn Khaldoun (et retour)

Vers un horizon impérial

La fin de la spécificité de l’Occident fut diagnostiquée naguère par Cornelius Castoriadis. Poursuivant ici une série de publications sur Castoriadis, Quentin Bérard, par le truchement des analyses de Gabriel Martinez-Gros, invite à méditer l’univers décrit au XIIIe siècle par le penseur arabo-musulman Ibn Khaldoun. La modernité occidentale peut alors apparaître comme une parenthèse ; sa dérive, son « délabrement », analysés par Castoriadis avec un certain accablement, semblent pointer vers un horizon impérial dont les formes renouvelées restent à cerner- quelques pistes sont ici esquissées.

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L’urgence de transmettre… des contresens ?

Critique des écrits de François-Xavier Bellamy sur l’école

Il y a bien longtemps que Mezetulle s’indigne devant une politique scolaire qui tient pour suspecte la transmission des savoirs et qui ne cesse de livrer l’école à son extérieur. De nombreux ouvrages et travaux se succèdent depuis une quarantaine d’années, annonçant et analysant l’effondrement scolaire que l’on constate. On serait tenté d’y joindre des écrits de François-Xavier Bellamy – notamment « Les Déshérités » et « Éduquer avec Rousseau ». Or Benjamin Straehli montre que le problème est que F.-X. Bellamy y recourt avec une grande désinvolture à une généalogie absurde, attribuant les maux actuels de l’école directement à Descartes, Rousseau et Bourdieu ; il reprend ainsi (ou même forge) des clichés fondés sur ce qui ne mérite même pas le nom de lecture.

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Les normes et ce qui leur échappe : sur Foucault et Butler (1re partie)

À partir du livre d’Éric Marty « Le sexe des modernes »

Dans ce travail d’analyse et d’explication de textes croisés, Daniel Liotta, à partir d’un livre d’Éric Marty, examine les déformations spéculatives imposées par la philosophe américaine Judith Butler à certaines œuvres françaises de la seconde moitié du XXe siècle, particulièrement celles de Michel Foucault. Cette déformation a reçu le nom de French Theory. Il met en lumière le statut distinct que Foucault et Butler accordent à l’universel, au particulier et au singulier lorsqu’ils pensent la « sexualité » et les normes sexuelles. Il montre en quoi et pourquoi Foucault et Butler sont fondamentalement en désaccord dans leur conception de l’universel et du singulier. Alors que Foucault propose une « culture » des plaisirs qui invente des singularités en s’ouvrant à l’universel une fois les particularismes mis hors-jeu, la pensée de Butler soumet la pensée du « je » à une sociologie des particularismes, interdisant toute valorisation du singulier et de l’universel.
Ce parcours très riche propose (première partie) une réflexion sur l’individualisation et la singularisation, la norme et la loi selon Foucault. Il aborde ensuite (seconde partie) une analyse de la puissance des particularismes, des communautarismes sexuel et social.

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Communiqué du Comité de Soutien international à Boualem Sansal

Le Comité de Soutien international Boualem Sansal salue la Résolution du Parlement européen condamnant à l’unanimité la séquestration arbitraire de l’écrivain franco-algérien à Alger et exigeant sa libération immédiate.
Le Parlement européen vient d’adopter ce 23 janvier une Résolution commune exigeant la libération immédiate et inconditionnelle de notre compatriote Boualem Sansal, arbitrairement séquestré depuis le 16 Novembre 2024 par le régime algérien au seul motif d’en avoir critiqué les dérives dans ses écrits et ses déclarations.

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Qui déteste Manuel Valls ?

Depuis la nomination du gouvernement de François Bayrou, le nouveau ministre des Outre-mer Manuel Valls est l’objet d’un déferlement de haine sur les réseaux sociaux, au point qu’un auditeur a pu insulter en direct l’ancien Premier ministre sur une radio de service public. Au-delà du simple constat de l’abaissement du débat civique, Sébastien Duffort tente de définir les contours idéologiques et intellectuels qui inspirent un tel déchaînement. L’examen de divers aspects des reproches – pour ne pas dire plus – qui sont avancés (accointance avec « l’extrême-droite », « carriérisme », questions économiques, politique culturelle « identitaire »), est pour lui l’occasion de procéder à quelques rappels utiles.

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Laïcité de séparation et « laïcité de coopération ». Un grossier piège sémantique

Le site Vie publique.fr, frappé du logo de la République française, a publié récemment un texte de Philippe Portier, intitulé « L’action sociale : de la laïcité de séparation à la laïcité de coopération ». Qualifié de « Parole d’expert », il côtoie sur le site des déclarations ministérielles et divers documents officiels. Aucune invitation à le commenter n’est proposée, aucune autre « parole d’expert » présentant un point de vue différent n’est rendue accessible sur le sujet. Comme le montrent l’enquête et l’analyse d’Aline Girard ci-dessous, sa source, son titre et surtout sa lecture révèlent qu’il s’agit d’une tribune programmatique promouvant une politique d’inspiration concordataire, contraire aux lois laïques.

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Accompagnateurs scolaires et port de signes religieux

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau vient de relancer la question du port de signes religieux par les accompagnateurs de sorties scolaires. Il s’agit là d’un débat récurrent sur lequel Mezetulle a déjà publié plusieurs textes dont certains remontent à 2014. Le texte ci-dessous expose quelques arguments en faveur de l’interdiction de l’affichage religieux ou politique par les personnes accompagnant occasionnellement les élèves lors de sorties scolaires.

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Une analyse durkheimienne du wokisme (par Daniel Baril)

Considéré comme le père de la sociologie française, Émile Durkheim (1858-1917) n’a rien perdu de sa pertinence pour nous aider à comprendre les enjeux sociaux et philosophiques d’aujourd’hui. Le regard que porte ici Daniel Baril sur son œuvre maîtresse, « De la division du travail social » (1893), montre que ses concepts et analyses peuvent servir à éclairer l’un des débats les plus chauds de l’heure et qui était imprévisible à son époque, le wokisme.

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Le wokisme à la lecture de C. Castoriadis

Quentin Bérard poursuit ici une lecture de Cornelius Castoriadis qui soustrait cet auteur à la bienpensance dans laquelle il est convenu de l’enrôler. Il montre en quoi Castoriadis, analysant les moments contestataires successifs des années 1950 à 1990, parle aussi de celui d’aujourd’hui – le « wokisme » – et fournit des outils pour en comprendre non seulement les manifestations, mais aussi les conditions d’émergence et l’historicité. Le « wokisme » n’est en rien un courant importé, une résurgence anachronique d’un passé oublié ou l’engouement passager d’une adolescence tourmentée : il est la rationalisation, l’expression spectaculaire et nuisible de l’effondrement de nos sociétés.

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Il faut libérer Boualem Sansal !

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, esprit libre, homme les Lumières, courageux et immensément talentueux, a été arrêté par le pouvoir algérien. On est sans nouvelles de lui depuis le 16 novembre. Il faut en parler, il faut « faire du foin » !

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Valérie Pécresse et les caricatures : une pédagogie de l’intouchable

Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Île de France, a annoncé le 13 novembre la mise en place d’un projet pédagogique régional destiné à promouvoir la laïcité. Il s’agit notamment de sensibiliser les élèves à la liberté d’expression avec un programme pédagogique proposant aux professeurs de travailler sur des caricatures relatives aux religions. Mais, et c’est ce qui a fait grand bruit, sont exclues de ce programme les caricatures représentant Mahomet.

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Samuel Paty, Dominique Bernard, in memoriam

Commémoration des assassinats de Dominique Bernard et de Samuel Paty par des terroristes islamistes. Je n’arrive pas à faire mieux que la reprise (ci-dessous) de l’article que je publiais le 17 octobre 2020, au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty. J’y ajoute juste une réflexion.
Samuel Paty a été qualifié par son assassin de « chien de l’enfer ». Dominique Bernard a été assassiné expressément pour des motifs généraux à caractère civilisationnel. […] La laïcité est depuis 40 ans en proie à un « serial killer » protéiforme qui s’efforce de la neutraliser en la noyant dans un océan incantatoire de bienpensance « inclusive » : c’est le terreau sur lequel se développent les assassins visibles, physiquement armés.

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7 octobre 2024, la France discréditée

Le premier anniversaire du pogrom du 7 octobre 2023 fait apparaître, à travers un Président apeuré et une gauche bienpensante prompte à s’incliner devant l’agenda communautariste de LFI, une France discréditée, intimidée par les menées terroristes génocidaires qui visent aujourd’hui la desctruction d’Israël et qui sont une menace pour tous les Etats démocratiques.

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Liberté d’expression, croyances et idéologies

En se penchant sur la distinction entre savoir et croyance (distinction naguère classique, mais qu’il importe aujourd’hui de rappeler, d’actualiser et de promouvoir), Thierry Foucart s’interroge sur le foisonnement actuel des idéologies irrationnelles, sur leur diffusion au sein même des milieux scientifiques et sur les conséquences de ce foisonnement en matière de liberté d’expression. Le paradoxe est que c’est au nom de cette liberté qu’une forme de bienpensance réclame le contrôle de l’expression publique et s’acharne à réduire l’analyse critique.

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« Les Désillusions de la démocratie » de Dominique Schnapper, lu par Catherine Kintzler

Analyser les « démons internes » de la démocratie : tel est le propos du livre de Dominique Schnapper « Les Désillusions de la démocratie » (Gallimard, 2024). Le titre fait évidemment allusion à celui de Raymond Aron « Les Désillusions du progrès », allusion que confirment certains des thèmes abordés et l’idée dialectique qui rend compte de leur inévitable et contraire liaison – notamment égalité/inégalités, universalité/différenciation. Mais le livre va au-delà par ses objets très actuels (notamment les « critiques radicales » de la démocratie) et aussi parce qu’il porte à son maximum la thèse d’une « démocratie extrême », véritable retournement de la démocratie contre elle-même et en son propre nom. Ainsi la désillusion désigne à la fois les mouvements de forçage de la démocratie qui la délitent au prétexte de son inachèvement, et le regard analytique capable d’en exposer l’émergence comme celle d’éléments toxiques qu’elle secrète elle-même, les « démons internes » qui procèdent de son illimitation.

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« Traité féministe sur la question trans » de Christine Le Doaré, lu par Valérie Soria

Valérie Soria propose une recension détaillée de l’ouvrage de Christine Le Doaré « Traité sur la question trans. De violentes polémiques, des solutions faciles à mettre en œuvre » (Librairie BoD, 2024). Ce livre est précieux et très éclairant pour qui veut avoir une vue objective et mesurée concernant les débats sociétaux tournant autour de la question transgenre. Appuyé sur des données objectives chiffrées, il établit un état des lieux et propose des solutions de bon sens afin de permettre l’apaisement des polémiques.

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