L’intelligence artificielle : l’édification d’un monde de substitution post-humain
Compte rendu d’un livre de François Rastier
Dans ‘L’I.A. m’a tué. Comprendre un monde post-humain’ (Paris, Éditions Intervalles, 2024), François Rastier analyse le fonctionnement des intelligences artificielles génératives (IA) du type ChatGPT. Contrairement aux comparaisons rassurantes (notamment avec l’écriture et l’imprimerie) qui tentent de sauver la place surplombante d’un utilisateur-sujet face à une technologie qu’il s’agirait simplement d’apprendre et de contrôler, il montre que la génération automatique de textes et d’images conduit à édifier un monde de substitution post-humain exerçant une emprise sur ledit sujet. Simulant la symbolisation alors qu’il n’est fait que de codes de signaux, ce monde ignore les notions de vérité, de réalité, d’authenticité, et le statut de sujet en tant qu’agent critique réflexif, y est constitutivement impensable.