À l’orée de cette nouvelle année, je me penche sur la belle et grave version du blason de la ville de Paris, taguée par les graffeurs de Grim Team en ponctuation finale de la devise Fluctuat nec mergitur place de la République au lendemain des massacres du 13 novembre 2015.
Épuré de ses couleurs particulières, le blason est ramené à l’essentiel du noir et blanc ; aussi peut-il être universellement adopté. En sévère parure de camaïeu gris, il signale qu’il est temps pour le poète d’ajouter « à sa lyre une corde d’airain »1. Débarrassé des fleurs de lys apposées jadis par la monarchie, il est rendu à la liberté qu’il abrite sous le rempart de sa couronne murale. Il aurait pu exhiber ses décorations, mais battu par un flot qui le fait pencher, elles l’auraient lesté disgracieusement d’un plomb vertical : gardons plutôt, pour maintenir hors d’eau cette fragile et mouvante obliquité, les rameaux de chêne et de laurier2.
Nous ne sombrerons pas.
© Mezetulle, janvier 2016.
- Victor Hugo, Les Feuilles d’automne, « Amis, un dernier mot » [↩]
- Lire l’explication et l’histoire du blason sur le site de la ville de Paris [↩]