Vendredi 16 octobre, Samuel Paty, professeur, a été décapité parce qu’il enseignait. Réduire cet assassinat à un crime revient à esquiver le caractère politique de la visée hégémonique qu’il véhicule. Car cette atrocité se présente comme une exécution expiatoire menée au nom d’un ordre supérieur qui devrait supplanter non seulement les lois de l’association politique, mais aussi tout rapport autonome à la connaissance, à la pensée. Elle révèle aussi que la guerre menée contre la République a dépassé la période des tests politiques, ainsi que celle des commandos organisés terrorisant la société civile, pour atteindre un niveau alarmant de diffusion. En étendant les poches d’aisance où il il se meut « comme un poisson dans l’eau », le terrorisme islamiste contamine le corps social et menace de le submerger.
Si l’école est laïque, ce n’est pas seulement comme institution et parce qu’elle est un organe du dispositif républicain, c’est aussi parce qu’elle tire (ou devrait tirer) son autorité de la constitution des savoirs, laquelle échappe à toute transcendance, à toute imposition d’une parole ou d’un livre unique, et ne peut se construire qu’avec des esprits en dialogue. Voilà ce que tout professeur est chargé de travailler et de défendre, non pas dans la célébration d’un « vivre-ensemble » incantatoire et abstrait, mais avec et par le segment du savoir qu’il maîtrise et qu’on n’ose plus appeler « discipline ».
Installer chaque esprit dans ce dialogue fructueux et inquiet qui a pour condition première le dépaysement, la distance avec soi-même, voilà ce que faisait Samuel Paty, professeur. Il aurait dû pouvoir le faire normalement, en expliquant, en illustrant1, en argumentant dans une ambiance de sérénité assurée par l’institution : en somme en professant, protégé des pressions et mettant de ce fait ses élèves, avec lui, à l’abri du tourbillon social. Mais, comme des milliers de professeurs aujourd’hui et depuis bien des années, il le faisait malgré, contre les assauts qui renvoient sans cesse l’école à son extérieur, il le faisait en dépit des pressions qui, au prétexte de mettre les élèves (et les parents) au centre du dispositif scolaire, l’assujettissent à la férocité et à la fluctuation des demandes sociales. Ce qui devrait être un travail serein et somme toute ordinaire est devenu un acte d’héroïsme.
Samuel Paty a été assassiné et décapité pour avoir exercé sa fonction, parce qu’il enseignait : c’est en sa personne le professeur qui a été massacré. Par cette atrocité, sommation est faite à tous les professeurs d’enseigner et de vivre sous le régime de la crainte. Des groupes qui encouragent ces manœuvres d’intimidation à sévir au sein même de l’école s’engouffrent dans la brèche ouverte il y a maintenant trente ans, laquelle s’acharne à assujettir l’école aux injonctions sociales. On ne voit que trop à quelles extrémités celles-ci peuvent se porter. Non l’école n’est pas faite pour « la société » telle qu’elle est. Sa visée est autre : permettre à chacun, en s’appropriant les savoirs formés par l’humaine encyclopédie, de construire sa liberté, dont dépend celle de la cité. Il faut cesser de convoquer les professeurs à leur propre abaissement. Réinstaurer l’école dans sa mission de transmission des savoirs et protéger ceux qui la mettent en œuvre, voilà ce qu’on attend d’une politique républicaine. Sans cet élargissement qui appelle une politique scolaire exigeante et durable, l’hommage national qui doit être rendu à la personne martyrisée de Samuel Paty restera ponctuel.
Il est faux de dire que l’auteur de cet assassinat était un « solitaire », comme s’il fallait éviter de dire qu’il s’agit d’un acte de guerre. Un homme isolé n’est pas nécessairement un « solitaire ». En l’occurrence il se nourrit au fast food bien garni des exhortations, imprécations, intimidations et autres menaces qui, diffusées sur internet et dans certaines mosquées, partout étalées2, relayées, font de chaque assassin se réclamant de la cause islamiste un vengeur héroïque. Il y a bien longtemps que cette guerre a commencé. Elle a posé un jalon dès 1989, en s’attaquant déjà à la laïcité de l’école républicaine3. Elle a ensuite dépassé la période des tests politico-juridiques, puis celle des commandos organisés terrorisant la société civile à coups meurtriers de Kalashnikov pour atteindre aujourd’hui un niveau d’extension tel qu’aucune parcelle de la société ne peut assurer qu’elle est à l’abri de sa présence et de sa menace4. Pratiquant avec virtuosité le retournement victimaire et la culpabilisation à l’ « islamophobie », convertissant l’accusation impertinente de « blasphème » en pleurnicherie des « sensibilités offensées », tissant ses liens avec le « décolonialisme » et le néo-racisme, la forme idéologique de cette guerre gangrène l’université et se diffuse dans la société civile5.
En étendant les poches d’aisance où il il se meut « comme un poisson dans l’eau », le terrorisme islamiste contamine le corps social et menace de le submerger. Un ordre moral féroce s’installe par accoutumance, à tel point qu’il devient « normal » et « compréhensible » pour un homme de songer à en assassiner un autre pour avoir osé une opinion contraire à une parole prétendue absolue, qu’il devient « normal » et « compréhensible » pour un groupe d’appeler à la vengeance. La banalisation des marqueurs religieux s’étend et prétend non pas simplement à la liberté pour elle-même, mais au silence de toute critique et de toute désapprobation la concernant. Et il se trouve de bonnes âmes pour comprendre, excuser et encourager cette abstention. L’appel au « respect de l’autre » est-il à ce point nourri de haine de soi qu’il doive prendre la forme d’une autocensure s’interdisant toute critique publique ? Est-il à ce point méprisant et paternaliste à l’égard de ceux qu’il prétend prendre sous son aile qu’il se croie obligé de leur épargner cette critique ? Est-il à ce point retors qu’il faille en son nom faire fonctionner la liberté d’expression à sens unique ?
Le sursaut nécessaire n’appartient pas qu’au politique : devant l’infusion sociale qui répand et banalise le totalitarisme islamiste, les nécessaires mesures politiques et juridiques qui sont appelées aujourd’hui de toutes parts, si fermes soient-elles, seront sans effet sans un mouvement civil issu des citoyens eux-mêmes. Cessons de courber l’échine ou de regarder ailleurs devant la culpabilisation, devant l’insolence et la violence du « République bashing » qui convertit la haine du colonialisme en haine de la République, qui confond universalisme et uniformisation, qui est prêt à sacrifier les individus sur l’autel antique des communautés et des ethnies, qui fétichise les appartenances et ne voit pas que sans la liberté de non-appartenance, il n’est pas d’appartenance valide. Aucun régime n’a été aussi libérateur que le régime laïque, aucune religion placée en position d’autorité politique ou ayant l’oreille complaisante de cette autorité n’a produit autant de libertés : osons la laïcité, osons la République. « Il nous faut reconquérir tout ce que la République a laissé faire »6.
Merci à Causeur pour la reprise de ce texte le 19 octobre en accès libre sur son site (avec des intertitres de la rédaction du magazine).
Notes
1 – L’expression « il a montré des caricatures de Mahomet » est un raccourci. Aucun professeur ne « montre » quoi que ce soit sous le régime épatant de l’exhibition. « Montrer », pour un professeur c’est, soit recourir à une illustration, utiliser un document, une ressource en l’incluant dans un ensemble explicatif et progressif, soit exécuter un geste, un exercice afin d’exposer et d’expliquer un modèle ou un exemple dont les élèves pourront s’inspirer.
2 – J’ai eu la surprise, en téléchargeant il y a deux jours l’édition de 1929 de L’Ethique de Spinoza (Garnier, traduction Appuhn) sur Amazon en accès libre, de la voir précédée et suivie de deux textes de propagande islamiste.
3 – Affaire dite des « foulards » au collège de Creil. Voir le manifeste dit « des Cinq » « Profs ne capitulons pas », Le Nouvel Observateur du 2 novembre 1989 sur le site du Comité laïcité République http://www.laicite-republique.org/foulard-islamique-profs-ne-capitulons-pas-le-nouvel-observateur-2-nov-89.html
4 – On se reportera, entre autres, aux deux ouvrages collectifs dirigés par Georges Bensoussan, Les Territoires perdus de la République (Paris, Mille et une nuits, 2004) et Une France soumise (Paris, Albin-Michel, 2017) ainsi qu’au collectif dirigé par Bernard Rougier Les territoires conquis de l’islamisme (Paris, PUF, 2020).
5 – Voir sur ces sujets le dossier sur la liberté d’expression https://www.mezetulle.fr/sur-lexpression-droit-au-blaspheme-dossier-sur-la-liberte-dexpression/
et sur la liberté de recherche dans Causeur https://www.causeur.fr/antiracisme-society-for-seventeenth-century-music-178960
6 – Citation extraite du discours prononcé par Emmanuel Macron, président de la République, aux Mureaux le 2 octobre 2020. Voir une brève analyse et la référence sur ce site : https://www.mezetulle.fr/discours-des-mureaux-sur-le-separatisme-e-macron-brise-un-tabou-ideologique-mais-la-politique-suivra-t-elle/ .
La guerre poursuivie par Macron et Blanquer contre la République, contre l’instruction, contre l’esprit critique, contre l’enseignement de la philosophie a lieu actuellement en France dans un silence total. Lisez Karl Kraus, La troisième nuit de Walpurgis sur la trahison ou la lâcheté des « élites. » Regardez l’état du système scolaire américain, privatisé, inégalitaire et corrompu. Regardez l’état de la société américaine avec Trump au pouvoir. Ouvrez les yeux Madame.
1° Relisez le texte de plus près, il semble qu’un ou deux paragraphes vous aient échappé.
2° Trente ans (et +) de lutte contre le pédagogisme et la destruction de l’instruction, renseignez-vous : je n’ai pas à recevoir de leçons sur ce sujet ! Et il est bon qu’il y ait une relève. Mais nous vous avons, J.M. Muglioni et moi, déjà répondu à ce propos : https://www.mezetulle.fr/la-fausse-representativite-de-la-convention-sur-le-climat/#comment-20195
Vous vous trompez de cible Balthazar, la vie sociale de Catherine Kintzler a été en partie consacrée à la lutte quant à la restauration de l’instruction publique à l’abri de la fluctuation des pouvoirs politiques. Sa lecture de la laïcité est un exemple de construction intellectuelle précise et sans équivoque.
Merci infiniment pour cet article !
Dans ce maelstrom ambiant,intelligence,clairvoyance et courage rassurent et stimulent la résistance et le combat de chaque citoyen contre cette idéologie folle et criminelle qu’est l’islamisme!
Après vous avoir lue,j’ai le sentiment qu’en fait,si nous osons parler ,nous sommes forts !
Gisèle Marchelli
vous écrivez « Non l’école n’est pas faite pour « la société » telle qu’elle est.
Je crois au contraire que l’école n’est pas faite SEULEMENT pour la transmission des connaissances, mais que l’école de la République est faite pour intégrer les élèves à notre culture, aux principes, aux valeurs et aux moeurs de la société française telle qu’elle est.
Encore un très grand merci Madame Kintzler! Il est tellement difficile depuis vendredi de penser. Et vous parvenez une nouvelle fois à tracer les perspectives et à nous éclairer. Oui vous nous rendez plus forts.
Merci pour votre article qui est toujours excellemment rédigé.
Je suis en accord avec vous, un degré nouveau vient d’être atteint. En effet, faire appel à une personne terriblement dangereuse pour régler le sort d’une personne c’est effrayant. C’est en plus un appel en meute et je ne vois pas comment tout cela va disparaître . C’est même l’inverse qui va se produire.
En plus la France se retrouve seule pour gérer cette situation incontrôlée. En effet, c’est le seul état laïque au monde et le seul à défendre de telles valeurs. Que croyez-vous qu’il va advenir? Déjà la presse anglo-saxonne nous regarde de haut, considérant que nous harcelons une certaine religion. Ils doivent considérer que le professeur l’a bien cherché et que nos principes nous font aller droit dans le mur. J’ai peur que la France soit durement touchées la première avant que les autres sociétés ne le soient également quand leur tour viendra.
Merci pour cet article, merci infiniment.
Quant audit Baltazar (pauvre Roi mage…) je ne comprends pas la division qu’il sème dans cette situation. C’est pathétique s’il n’est que stupide ou lamentable s’il veut détourner les regards sur autre chose que cette horreur islamique.
Vous avez mon entier soutien.
Pour celles et ceux qui s’intéressent à ce qu’il est possible de prévoir en droit dans une démocratie dans notre situation voir mon propre billet d’hier :
https://francoisbraize.wordpress.com/2020/10/18/maintenant-ca-suffit/?blogsub=confirmed#blog_subscription-2
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Je trouve votre hommage à la fois très pertinent et très profond : sur ce que ce meurtre horrible révèle de notre présent, de notre République, de notre École, du sens de la laïcité, merci ! A propos de l’École, beaucoup de réactions officielles semblent se souvenir aujourd’hui de son sens émancipateur, mais aucune n’évoque la question de sa nature, à la différence de votre réflexion. Or, l’on peut aisément poser que la plupart des fascismes à étendard religieux ne refusent pas l’École en général ; ils semblent même favorables à l’acquisition et l’évaluation de savoir-faire, de compétences, ne serait-ce que pour l’usage d’Internet… Ce qu’ils veulent assassiner c’est une École qui instruit chacun des raisons du monde. De ce point de vue, les tendances des réformes scolaires en cours ne peuvent guère faire barrage à la désignation de leurs cibles : tout professeur, toute discipline promouvant la dimension réflexive.
Merci pour ce texte
Hélas , dans des périodes troublées, les esprits simples sont atteints.
Par la manipulation , le plus noir de l’homme se révèle pour des causes réelles ou prétextes et passe à l’acte.
Je pense à ce qu’à dit De Gaulle à Propos de Brasillach: c’est à dire que ceux qui influencent les gestes sont plus criminels que celui qui exécute. Il faut donc influencer des idées de laïcité au plus grand nombre.
Bonne journée
Richard
Merci pour ce texte et la cohérence de son argumentation.
J’espère qu’avec beaucoup d’autres de la même hauteur il sera lu et entendu dans les sphères du Pouvoir afin que les décisions urgentes y soit prises, à la fois pour commencer à (tenter de) mettre notre République à l’abri du prosélytisme théocratique mortifère en cours et éviter que, faute de résultats et dans une espèce de désespoir haineux, le peuple ne se tourne dans deux ans vers l’extrême droite et les surtensions haineuses que cela ne pourra alors qu’entraîner.
Ping : À la mémoire de Samuel Paty, professeur – LABORATOIRE LOIRET DE LA LAÏCITÉ
La chasse à l’islamophobie, très en vogue chez bon nombre de personnes se prétendant « de gauche » ou « progressistes » (si la peur peut-être mauvaise conseillère, elle est en tout cas absolument nécessaire pour prévenir certains dangers..), combinée à la valorisation de nouveaux discours racialistes à la limite du racisme, nous mène inexorablement à cette barbarie. Une bonne partie de la Gauche et de l’Extrême Gauche françaises est complice de cette évolution réactionnaire. Ce ne sera pas la première, que les aveuglements idéologiques des militants de « bonnes » causes (le socialisme, la défense des « identités » culturelles, le soutien aux États dits « anticolonialistes » du Tiers Monde, etc) conduiront ces militants à détruire l’idéal qu’ils entendent promouvoir (ici, la défense des pauvres identifiés aux musulmans). En l’espèce, devant cette horreur, tout pousse à penser que l’islamophobie va au contraire trouver de quoi alimenter sa progression: et on le comprend. La peur ici, s’avère absolument nécessaire pour éviter un danger qui peut vite devenir incontrôlable. Je ne peux pas non plus m’empêcher de rappeler que l’habitude est prise en France de ne plus respecter la loi, ni la règle majoritaire, dès qu’on est mécontent d’une situation qui nous apparaît « injuste »: cette mécanique funeste française atteint donc les plus jeunes qui se justifient maintenant sans scrupule de casser ou agresser au regard de ce qu’ils voient à la télévision ( les casseurs infiltrés chez les Gilets Jaunes ont été gagnants). Et puis, impossible à taire: la libération de l’otage française au Mali a donné des ailes aux Djihadistes et à tous ceux qui rêvent de le devenir. La soumission de la France à la rançon terroriste a peut-être encouragé à de futures décapitations de « Mécréants ».
Bonjour Madame,
Merci pour tout ça. Vous ouvrez une piste qu’il serait bon d’explorer.
Ils sont « comme des poissons dans l’eau », « l’infusion sociale.. » ; vous décrivez là une stratégie militaire, celle qui consiste à se comporter comme l’eau, plus exactement comme un liquide inflammable. Par la proximité identitaire, l’omniprésence, la persistance, le ressentiment indépassable, mais aussi la peur et la contrainte, ils pénètrent et se mélangent. Un proverbe africain dit : les mauvaises paroles sont comme l’eau dans le sable.
Comment retirer cette haine puissante qui trouble le regard sur les choses et les autres ? Haine qui éclabousse le quotidien (stratégie et torture du goutte à goutte) ; haine dont ils veulent nous déborder (stratégie du raz de marée et de l’inflammation). Par une digue de lois ? Je ne crois pas aux lignes Maginot, mais j’espère me tromper. Par la force ? Pas si elle est aveugle. Par les mots ? Mais s’ils se sont bouchés les oreilles ! Par la raison ? Mais s’ils l’ont déposée au pied de leur dieu qui réclamait ce sacrifice !? Par la fin des inégalités sociales (enfin) ? Puisque nous serions dans une République laïque et/donc sociale, par et pour le peuple. Hors débat – circulez y’a rien à voir – de plus l’argument de l’inégalité peut être spécieux : la religion et le fanatisme ne sont pas le refuge des pauvres. Par un nouveau récit sociétale ? Mais nos propositions sont misérables au regard de celles grandioses de dieu. Ne négligez pas la jouissance héroïque du sacrifice. Par le coca cola le Mc Do Netflix et les filles ? Je veux dire, sans blesser personne, par l’avilissement. Nous le faisons avec tous et avec le succès que l’on sait ! Notre humanité en est atteinte.
Par l’amour alors ? Oui mais il faudrait qu’il soit rédempteur alors, c’est-à-dire sans ambivalence. Un peu comme un dieu qui serait miséricordieux ? Comme si nous étions des anges (qui n’ont pas de sexe parait-il), dans une ultime sécularisation. On voit bien que se transformer en papiers buvards contrits ça ne marche pas. Il y a toujours des salauds qui gâchent tout.
Que nous reste-t-il alors face à cette stratégie du liquide inflammable ? Peut-être tenir en haute estime tous nos enfants, au point d’en être exigeant. La laïcité libère certes – je lui dois tout – mais c’est une sacrée exigence. C’est d’une violence symbolique importante que nous n’arrivons pas toujours à assumer.
« Le sursaut nécessaire n’incombe pas qu’au politique.. ». Je souscris.
Merci Madame pour votre clairvoyance et votre courage. Nous ne nous en sortirons qu’en étant courageux et honnêtes, c’est-à-dire, en osant admettre que nous sommes dans une situation d’urgence dramatique et qu’il ne sert à rien d’accuser les autres ni de prétendre que nous savons tout et surtout, comment nous sortir de cette catastrophe. Rester scientifique exige de reconnaître qu’on a peur – il y a de quoi – c’est chercher de nouveaux moyens sans relâche, ne pas se laisser obnubiler et continuer à penser, à imaginer, à essayer, encore et encore. C’est au CP que les instituteurs et institutrices devraient avoir le DEVOIR – et donc, le DROIT – de parler de l’histoire des religions, de faire réfléchir les enfants sur ce que c’est que la croyance, le besoin de croire, ainsi que sur la différence entre la chose et le symbole qui la représente. Six ans est un âge où il est spontané de faire la différence entre penser et faire, entre le rêve et la réalité. Treize ans est l’âge des turbulences pubertaires, mes pensées très admiratives et affectueuses vont à tout le corps professoral et à tous les élèves, tout spécialement ceux de 4ème.
Ping : À la mémoire de Samuel Paty, professeur, par Catherine Kintzler - Hiram.be
Catherine Kintzler expose clairement les raisons qui font que nous en sommes arrivés au point où le métier de professeur est devenu impossible. Ou plutôt, interdit.
Peut-on espérer un sursaut ? On peut en douter. Je connais une élève d’une dizaine d’années qui avait quelques difficultés scolaires. Voilà que cette année son institutrice tient sa classe, corrige tous les cahiers tous les jours, fait vraiment lire et écrire, etc. : la petite est plus heureuse que jamais d’aller à l’école, c’est-à-dire heureuse d’apprendre. Les parents d’élèves se rendent compte de la qualité de cet enseignement et s’en réjouissent. Mais comment formulent-ils leur approbation ? « C’est une maîtresse à l’ancienne ». Ce genre d’éloge dit bien où nous en sommes : instruire des enfants, il va de soi que c’est rétro ! Le poids de l’idéologie est tel qu’une classe où règne un ordre fondé sur la volonté d’apprendre paraît archaïque à ceux-là même qui l’approuvent. Comment l’école peut-elle dans ces conditions ne pas être submergée par les préjugés et les fanatismes de la société et des parents d’élèves ? Pourquoi dès lors s’étonner que l’obscurantisme l’emporte ? La laïcité de l’école ne signifie pas seulement que nul, maître ou élève, ne doit y faire état de ses croyances religieuses ou politiques, mais que l’enseignement ne peut avoir d’autre fondement que le savoir et non quelque idéologie que ce soit. L’école assujettie à la société civile n’est plus républicaine.
Ce n’est pas la présence de musulmans ou la misère de certains quartiers qui explique l’état de l’école, mais la démission de l’institution. Ce qui reste d’école à l’école tient par la volonté de quelques hommes et femmes courageux. Et l’on ne peut s’en prendre à ceux qui ont renoncé, puisque c’est ce qu’on leur a appris, et déjà la plupart n’ont jamais connu de véritable école. Relisez Mezetulle et les ouvrages écrits du début des années 80 qui y sont cités : vous verrez que tout y est clairement dit. Depuis des dizaines d’années, tout le monde le sait, l’administration n’a généralement eu qu’un souci, en cas de conflit entre un professeur et les parents d’élèves ou un élève : « pas de vagues ». Était-ce lâcheté ? Sans doute, mais il fallait beaucoup de courage pour ne pas céder à la pression idéologique et oser soutenir que l’école est faite pour instruire.
Avec ma vive reconnaissance pour cette page magistrale, chère Catherine.
Pas un mot à ajouter sauf à insister sur quelques points.
1: quant à l’angélisme du « vivre ensemble »: comment peut-on croire que des adultes fanatisés qui s’approprient leurs enfants pourraient souhaiter « faire société » avec l’école?
2:quant à la « communauté éducative »: pour quelle raison avoir permis aux parents d’exiger des professeurs une justification de leur enseignement et leur avoir octroyé la latitude de mettre en cause les programmes?
Il serait avisé de soumettre à obligations restrictives la présence des parents à l’école: hors programme, à tout le moins.
3: quant au totalitarisme: il nomme bien la nature de l’islamisme politique puisque, loin de soucis éthicoreligieux ,ses fins proclamées sont bien de conquête qui érigent en ennemi à abattre nos libertés, nos institutions et nos moeurs.
Or l’intelligence rusée de nos ennemis a été amplement sous évaluée: entrisme général, maîtrise des réseaux dits sociaux, extrême talent au renversement. La divulgation de l’idéologie nazie aurait pu nous permettre de voir à temps que le renversement constitue une arme magique pour effectuer le rapt des émotions: les assassins sont les victimes, les mensonges des réseaux sont vérités, les faits établis en histoire, en biologie, en astronomie, sont des mensonges-
Voilà donc de nouveau que les professeurs pervertissent la jeunesse .
Merci Madame. Et oui Mr Muglioni vous avez raison. Ne cachons pas la destruction de l’école depuis des dizaines d’années derrière un autres drame qui est celui de l’islamisme. La République a disparue dans les deux cas et ce n’est pas le citoyen libre et triomphant qui occupe le terrain . Généralement les clergés, les tyrans lui brûlent la politesse.(R. Debray, je crois) Depuis l’ assassinat de de Samuel Paty, je relis Condorcet et l’indispensable ouvrage de C.Kintzler,( Condorcet; l’instruction publique et la naissance du citoyen)
Faute de lumières et de pensée réflexive, un peuple souverain est exposé à devenir son propre tyran..il ne peut être vraiment libre que par la rencontre avec les objets du savoir…il appartient à la puissance publique d’organiser un telle rencontre.(extrait 4eme de couverture) Aujourd’hui c’est la société du spectacle et du paraitre qui est sur les bancs..! Moi simple citoyen, que puis-je faire pour vous aider à porter votre message( à part Mezetulle, bien sûr!) Merci encore de me donner la force d’expliquer à mes petites filles, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la laïcité; La République éxigente.
A.Lhuillery
Merci Catherine pour ce texte qui fait écho à ceux d’A.Bauer , et celui de Guy Arcizet que j’avais invité (tout comme toi) pour un Café Philo à St Maur et qui écrivait en 2013 = la raison critique est indissociable de la révolte contre l’injustice et les effets pervers du
communautarisme.
Amitiés.JF VAN CAMPO.
Pourquoi il se pourrait bien que rien ne change.
Rien à dire sur la cérémonie de la cour de la Sorbonne : elle était belle, sobre et juste. Comment, par exemple, ne pas aimer ce magnifique texte de Jean Jaurès lu par un ami proche de Samuel Paty, si ému et si digne ?
Mais les mesures à envisager seront-elles à sa hauteur ?
Il semble que l’Etat prenne quelque peu conscience d’une nécessaire action judiciaire et policière mais suffira-t-elle ?
Notons tout de même et tout d’abord deux faits troublants.
Pourquoi, en même temps, étaient projetées sur la façade d’un immeuble, les caricatures de Charlie Hebdo ? Entendons-nous bien : il y a, bien sûr un lien entre les crimes de janvier 2015 et celui d’octobre 2020, il est évidemment inadmissible d’être tué pour avoir publié des dessins et, enfin, la liberté d’expression n’a pas à être limitée sauf par la loi mais, même en ce cas, elle est limitée pour être rendue possible. La diffamation est ainsi interdite précisément pour que les arguments de tout un chacun puissent être avancés et que l’on ne confonde pas les idées avec les personnes. Seulement, ce qu’a fait le professeur d’histoire-géographie est tout autre chose, selon son style à lui et à partir de sa réflexion – c’est cela la liberté et la responsabilité pédagogiques, il a voulu traiter le programme d’EMC en présentant diverses formes d’expressions publiques. Il ne s’agissait pas pour lui de se faire la courroie de transmission d’un organe de presse. Ses élèves ne s’y sont pas trompés puisque ce ne sont pas eux qui se sont plaints de la « séance » comme on dit de nos jours. Corrélativement, je ne comprends pas pourquoi les professeurs auraient à présenter le lundi de la rentrée les dessins de Charlie Hebdo pour défendre la liberté d’expression. Est-ce bien le rôle d’un enseignant ? Et même, est-ce judicieux ? N’est-ce pas, en effet, prendre les choses à l’envers ? Ne s’agit-il pas tout d’abord de faire comprendre la nature de ladite liberté d’expression, son lien avec un État républicain et de la lier au savoir ? Dans les milieux islamistes on répète à l’envi que la musique est un péché, un acte impie mais un professeur peut parler de l’histoire de l’Islam, de la brillante culture arabo-andalouse, de la poésie persane (certes, sunnites et chiites ne peuvent se souffrir mais il en est longtemps allé de même pour les catholiques et le protestants, cela s’apprend) ou, pour prendre en considération un exemple plus récent, de la chanteuse libanaise Fayrouz qui arrachait des larmes à son public. Le second fait tient aux déclarations du ministre de l’intérieur sur les rayons Halal et Cacher des grandes surfaces de distribution. Outre que c’est idiot en soi-même – lui viendrait-il à l’esprit de reprocher à bien des chrétiens de s’abstenir de manger de la viande le vendredi ? -, c’est extrêmement grave concernant le sens même de la notion de République et la notion de laïcité qui lui est liée. Par quoi prennent-elles sens en effet sinon par l’union civile, la paix selon les lois communes, l’égalité de traitement pour tous, toutes choses qui n’ont rien d’incompatibles avec la diversité des croyances et des mœurs et qui, même, les préserve dans la mesure où l’on ne saurait unir en uniformisant ? Seul ce qui menace la liberté suppose de la part d’un régime républicain la sévérité la plus intransigeante. Dans la situation actuelle, la partie de ce couplet de l’hymne national prend un relief singulier : « Contre nous de la tyrannie, L’étendard sanglant est levé ! (bis).» Seulement, usage de la force, passage par la sanction et exigence de l’ordre ne sont pas des fins mais des moyens. Seules celles-ci importent : les différences de croyance ne peuvent prévaloir mais elles ne sauraient non plus être exclues. Article 1er du titre premier de la loi de 1905 portant sur la « séparation des Églises et de l’État » : « La République assure la liberté de conscience. » Comment donc défendre la République si l’on commence par la mécomprendre en profondeur ? N’est-ce pas ouvrir une voie royale à ses ennemis ?
Lors de cet hommage, pour la première fois depuis fort longtemps, on a dit « Monsieur le professeur » et non « prof » comme s’il y avait un début de réminiscence mais si l’on voulait réellement d’une société libre, ne faudrait-il pas commencer par réviser entièrement ce qu’est devenue l’Éducation nationale ? S’aperçoit-on en haut lieu que ce qu’expliquait Jaurès à propos du lien entre enseignement et République est directement bafoué dans les faits ? Mes collègues de l’enseignement technique me disent souvent qu’ils ont des élèves qui ne comprennent même pas ce que veut dire « diviser par 10 » ou ce qu’est le calcul de l’aire d’un rectangle. On peut entrer en Terminale générale sans savoir construire une phrase même simple et en ignorant la plupart des temps et des modes de la conjugaison. Si les élèves étaient responsables d’une telle situation, elle ne serait pas aussi massive mais on n’en serait jamais arrivé là si bien des éléments ne s’étaient accumulés non seulement pour ne pas la voir mais plus encore pour la provoquer. On peut en citer trois à titre d’exemples. 1) La fascination pour la technologie. On a cru qu’il suffisait que les élèves possèdent des ordinateurs et aient accès à toutes les sources du savoir via internet pour qu’ils apprennent grâce à des méthodes nouvelles. Des Conseils régionaux ont fourni de nombreux financements à cette fin sans se rendre compte que les nouvelles technologies favorisent surtout les communications les plus instantanées et les plus indigentes et qu’elles ne suscitaient même pas un intérêt pour leur compréhension. 2) Le fait de la « massification », appelée, parfois, « démocratisation ». Pour être à la hauteur de la scolarisation nettement plus étendue qu’auparavant – chose dont il est difficile de ne pas se réjouir, on a clairement estimé qu’il fallait non pas amener au niveau le plus élevé possible toutes ces jeunes personnes mais au contraire adapter le monde enseignant à eux. Lorsque ce dernier faisait valoir que l’on abandonnait souvent ainsi toute exigence (il est bien connu qu’au baccalauréat les consignes inspectoriales, non écrites évidemment, dans certaines disciplines sont on ne peut plus claires : pas de moyenne générale en dessous de 12 !), on lui rétorquait qu’il était réactionnaire, englué dans des temps anciens (ceux de Jaurès ?), sa propre formation, voire ses préjugés de privilégié ? Notons que l’étude des langues anciennes a considérablement reflué au collège notamment en raison de sa dernière réforme (2016) alors que des gens comme Diderot, Vallès, Hugo, Rimbaud ou Jaurès même n’étaient pourtant pas ce que l’on peut qualifier de « réactionnaires ». 3) La généralisation de la pédagogie transdisciplinaire au détriment de la didactique disciplinaire. Pour le dire clairement, on s’est mis à définir l’enseignant non pas comme quelqu’un qui instruit parce qu’il a du savoir, chose que l’on ne possède que si on l’enrichit sans cesse, mais comme une sorte de médiateur. Il est à noter que cette idéologie peut prendre des appuis divers. Pendant quelques décennies, on a estimé que le maître était avant tout quelqu’un nourri en sciences de l’éducation alors qu’actuellement il serait plutôt à considérer comme le transmetteur d’un contenu prédéfini élaboré en amont par d’autres personnes. Les professeurs de langues sont censés, par exemple, être de moins en moins maîtres de leurs cours. Un progrès scientifique semble ainsi accompli. C’est à se demander comment Louis Germain a pu être enseignant sans cela.
Face à la barbarie, pour les Lumières, on commence à dire qu’il faut que le rôle de l’enseignant soit à nouveau reconnu. Seulement, si l’on ne remet pas en cause ce qui a détruit ce rôle – et, de cela, il n’est nullement question, nous ne sommes en présence que de paroles creuses et trompeuses. Si vous voulez que les enseignants soient respectés, commencez par respecter l’enseignement !
En attendant, il y aura, de toute façon, d’autres meurtres, d’autres martyrs de la liberté.
Merci à Catherine Kintzler de rappeler que le cours de l’enseignant n’est pas le simple fait de montrer ou d’exhiber des « emblèmes » quels qu’ils soient, ni de répondre docilement à telle ou telle injonction politique venant d’un commandement extérieur au programme. Alain Champseix a raison d’insister sur la place accordée à ces caricatures projetées sur un mur lors de la cérémonie de la cour de la Sorbonne, qui sont à ce moment, érigées, comme certains n’hésitent pas à l’affirmer, en symbole de la République et de la liberté d’expression . Peut-on raisonnablement concevoir que l’on exige des professeurs qu’ils montrent à leurs élèves les caricatures ? S’agit-il de faire penser à tous les élèves de France que la liberté d’expression culmine dans les dessins d’un journal satirique ? Certes la République, toute laïque qu’elle soit, a son sacré, mais je me demande si le combat contre le terrorisme passe par faire des caricatures de Mahomet des icônes républicaines. Il m’est difficile de penser que ces caricatures, qui n’ont tout de même pas la puissance du rire rabelaisien, puissent symboliser la République et la liberté d’expression. Elles en sont sans doute, une de ses manifestations et il faut en défendre le principe mais elles ne sont pas les seules et bien d’autres expressions de la liberté sont tout de même intellectuellement plus élaborées. C’est aux professeurs, et à eux seuls, qu’il revient dans leur classe de décider de ce qu’ils disent et de ce qu’ils montrent à leurs élèves. Exiger des professeurs, le lundi de la rentrée, qu’ils présentent à leurs élèves les caricatures, c’ est accorder à celles-ci une importance qu’elles ne doivent pas avoir. Ne faudrait-il pas plutôt les laisser dans le domaine du profane, comme ce que la liberté d’expression permet, qu’on est en droit de montrer mais qu’on est aussi en droit de critiquer, voire de jeter en même temps que le journal ?
La mémoire de Samuel Paty risque de plus servir à grand chose tellement le mal est fait (à la lumière du massacre de Nice, avant-hier), à savoir: l’abandon de l’esprit fondateur de la loi sur la laïcité (1905). Vous dîtes, avec raison « Cessons de courber l’échine ». Mais que fait l’ambassadeur de France en Suède quand il déclare que la France est un pays musulman ? Il plie l’échine et il abandonne l’esprit de 1905 (il aurait dit la même chose avec les Chrétiens, on aurait hurlé au crime de lèse majesté) . Il faut qu’on redéfinisse les contours de cette loi (utile) et qu’on précise ce qu’on entend par la libre expression des convictions religieuses dans l’espace public si l’ordre public n’est pas troublé: c’est quoi un trouble à l’ordre public ? Une décapitation, un massacre, seulement ? Si la République n’est plus capable de dire que la laïcité c’est la religion à la maison, alors on va droit vers de nouvelles guerres de religions. A force de céder devant les injonctions et revendications religieuses (ne pas blasphémer, ne pas vexer, ne pas blesser, etc) on va finir par tout accepter, tout doucement: le port du voile, la non mixité dans les piscines, les repas spécifiques dans les cantines, etc. Et tous les religieux vont réclamer les mêmes délicatesses ou les mêmes accommodements, sans troubles à l’ordre public. Quand les milices religieuses, telles des milices fascistes ou SA défileront calmement dans nos rues, sans trouble à l’ordre public, pour faire respecter leurs désirs, on dira que la laïcité de 1905 est respectée ? Il sera forcément bien trop tard pour réagir.
La coupe est pleine.
Le ministère qui n’a pas suffisamment d’argent pour augmenter le traitement des enseignants en a assez pour financer des footballeurs professionnels (très peu fortunés comme chacun sait) qui, dans une vidéo, apportent leur soutien à l’école. Au demeurant, ce ne sont pas eux qui sont en cause : il n’y a pas de raison de douter de leur bonne foi, mais le contenu du message est tout de même problématique. En substance, l’école est un endroit « cool » où l’on côtoie des copains et des profs sympas. Il est certainement vrai qu’il y a un rapport fondamental entre elle et le bonheur mais pour des raisons inverses : il y faut travailler pour s’instruire et s’imposer une discipline pour ce faire. S’instruire auprès de personnes qui ont elles-mêmes beaucoup appris et qui continuent à le faire grâce à des livres, éventuellement des stages pas trop idiots (il y en a encore quelques uns) et, plus généralement, une ouverture d’esprit à l’égard du monde, voire la pratique de différents arts et une culture aussi diverse que les individus, est-ce bien ce que notre autorité de tutelle a en vue ? Si l’on veut se reporter à ce qu’il y a de plus récent seulement, il faut bien avouer que la réponse ne peut être que négative car cette notion est totalement devenue étrangère à la quasi totalité du monde politique. Le dernier cafouillage gouvernemental en dit long. Initialement, il était prévu que les professeurs se consultent pour préparer la minute de silence en faveur de Samuel Paty, cela avait même été accordé. C’était fondamental car les élèves ne sont pas des êtres que l’on peut commander sans rien leur faire comprendre (ce sont des êtres humains, faudrait-il rappeler) et il n’est pas si aisé de se mettre d’accord sur la notion de liberté d’expression, même lorsqu’on n’est pas un fanatique. Mais cette procédure qui, en outre, avait l’avantage de montrer qu’on ne reprenait pas les cours comme si ne rien n’était, comme s’il n’y avait pas eu un meurtre, comme si l’enseignement ne supposait pas avant tout des relations de paix et de liberté entre les êtres humains, a été brutalement abandonnée. Les professeurs sont sommés de dire un texte (et non pas de l’expliquer comme ils en ont l’habitude), de s’appuyer sur des ressources pédagogiques mises à disposition par le ministère (ils sont tellement nuls qu’ils sont incapables de se débrouiller eux-mêmes) et d’imposer une minute de silence (moi qui croyais que c’était un moment de communion librement consenti et d’autant plus fort pour cette raison même). Il est précisé qu’aucune remise en question de cette dernière ne sera tolérée. Une telle déclaration laisse songeur d’une part parce qu’elle provoque l’affrontement au lieu de le déminer et, d’autre part, parce que l’on ne voit pas à quoi elle peut correspondre. Que faire si un élève ne respecte pas la minute de silence ? Lui infliger deux heures de colle, l’exclure de l’établissement, le conduire au commissariat de police ? Mais ce n’est pas tout car l’on a tout fait pour que l’hommage dû à notre collègue se passe mal. Faut-il rappeler qu’au tout début, les professeurs étaient invités à montrer les caricatures de « Charlie Hebdo », à défendre la liberté d’expression et, plus généralement, les « valeurs » de la République ? Comprenons-nous bien, la liberté d’expression est certainement précieuse (elle est si peu répandue de par le monde), mais ce n’est pas la fonction des enseignants de la défendre. Ils peuvent y faire réfléchir (ce que Samuel Paty fit), expliquer son importance mais non laisser entendre qu’elle se réduit à publier des caricatures. Il fallait bien voir que pour beaucoup, avec de telles déclarations, la liberté d’expression a été confondue avec la mise en cause d’une religion. Il est par ailleurs affligeant de voir que la plupart des médias ont totalement associé le martyr du professeur d’histoire-géographie à celui de ceux qui ont bénéficié – à bon droit ! – de la liberté d’expression. Ils n’ont pas vu que la liberté et le droit d’enseigner ne s’y opposent certes pas, il la préparent même car enseigner ce n’est pas endoctriner, mais ils ne se confondent pas non plus avec elle. Enfin, « cerise sur le gâteau », on a même soutenu que l’on avait le droit de blasphémer en France alors que le blasphème n’est pas dans notre pays (et je me demande bien pourquoi il n’en irait pas de même dans tous les pays) une catégorie juridique. Il n’est pas plus permis qu’interdit de blasphémer. Par contre, il est interdit de tuer.
Une dernière remarque : il faudrait donc défendre les valeurs de la République mais celle-ci existe-t-elle quand on transforme les enseignants en courroies de transmission du pouvoir, quand ce dernier prend des décisions sans consulter personne et quand une réforme est décidée malgré l’opposition unanime du Conseil Supérieur de l’Education ? Comment défendre quelque chose qui n’existe quasiment plus ? Ne serait-ce pourtant pas la meilleure arme contre le terrorisme que d’établir dans les faits et dans les moeurs une société de personnes libres et unies par et pour la liberté ?
Les quelques footballeurs professionnels intervenants au soutien de la République et de l’école (dans une campagne publicitaire organisée par les pouvoirs publics) avec leurs mots que les jeunes comprennent à la différence des vôtres ou des miens, je ne vois vraiment pas où est le problème si ce n’est, chez celui qui critique, une sorte de haine de classe qui ne se cacherait même pas. J’ai au contraire trouvé que c’était une idée puissante. Où avez vous vu, de plus, que pour cela ils auraient été payés ? Vous le supposez ou c’est un « scoop » ?
Cher François. Je me félicite moi aussi de l’initiative des footballeurs et je pense qu’il faut les en remercier.
Mais je pense que la question soulevée par A. Champseix porte sur un autre point. Cette vidéo avait-elle sa place sur le site du Ministère ? Vous le dites vous-même avec une certaine dose de mépris fondé, je l’espère, sur une méconnaissance : placer cette vidéo sur le site du Ministère de l’Education nationale signifie qu’on tient (comme vous le dites très clairement) la parole des professeurs pour inaudible et qu’on pense que les « djeunns » ne sont pas à la hauteur pour la comprendre ; il faudrait forcément leur proposer, au nom de l’Education nationale, la parole de ceux auxquels ils sont censés s’identifier.
Que savez-vous de l’expérience d’un professeur tel qu’Alain Champseix pour affirmer aussi péremptoirement que les élèves ne comprennent pas son propos lorsqu’il enseigne ? Vous vous alignez ici sur un bien vulgaire prof bashing qui emporte avec lui une conception des élèves comme formant un « public » arriéré auquel il faudrait s’adresser « avec ses mots ». La mission d’un instituteur, d’un professeur, consiste entre autres à dépayser les élèves, quels qu’ils soient, et à « donner un sens plus pur aux mots de la tribu ».
Quant à la « haine de classe », je me permets de rappeler qu’un professeur passe son temps à transmettre ce qu’il sait et non à le faire fructifier à son seul profit, et qu’il a acquis ce savoir sans l’extorquer à personne, par son propre travail : c’est exactement le contraire d’un « capitalisme ». A moins que vous ne considériez que le salaire d’un professeur le place ipso facto dans la catégorie (ne parlons pas de classe, qui a une signification précise) « supérieure » ?
Chère Catherine
J’ai du mal m’exprimer car je me suis mis dans le même sac que le professeur quant à l’incompréhension des jeunes sur NOS mots et pas sur les siens seuls, ce que je ne me serai jamais permis. Relisez moi mieux.
Par ailleurs j’ai vu le film d’intervention des footballeurs a la TV et pas sur le site du ministère ce dont M Champeix n’a pas écrit que c’était ce qui motivait son courroux. D’ailleurs s’ils ont été payés, ce qui me surprendrait et que personne n’allègue, ce n’est pas pour une présence sur le site mais au titre de leur droit à l’image et de passages TV beaucoup plus significatifs en termes de droits.
Enfin quand j’ai parlé de « haine de classe », terminologie sans doute inappropriée, c’est au regard de mon ressenti et pas de garnds concepts comme lorsque F. Morel que j’apprécie beaucoup se moquait facilement du petit peuple non éduqué avec ses Deschiens qui m’ont toujours mis mal à l’aise par leur parisianisme des bons quartiers. Et là sur la réaction d’un intellectuel vis-vis de l’intervention des footballeurs professionnels j’ai eu le même malaise. Mais peut-être que je me suis trompé ? Nul n’est parfait.
Bien à vous
OK cher François, merci pour ces précisions. Ne pas céder à la tentation très répandue de mettre à l’index les « intellectuels » (même parisiens car ceux-là mêmes n’ont pas les moyens, vous le savez bien, de résider dans les « bons quartiers »).
Une simple remarque : je ne vois pas trop ce qui, dans mon message, laissait transparaître un quelconque mépris, d’ordre sociologique qui plus est, à l’égard des footballeurs d’autant que je soulignais leur bon droit justement. Reste votre ressenti comme vous dites mais permettez que j’en sois d’autant moins responsable qu’une simple lecture de mon commentaire montre que la question des footballeurs n’est en aucun cas son centre de gravité.
Pour information. Sur une liste de diffusion d’historiens militants du post-colonialisme j’ai lu ceci: « Le crime odieux qui a frappé l’enseignant Samuel Paty le 16 octobre 2020 a suscité l’indignation de toute la nation mais aussi la multiplication de discours d’exclusion au sein de la société française ». Je n’ai pas apprécié le « MAIS », et je l’ai fait savoir. La phrase a été changée pour ça : « Le crime odieux qui a frappé l’enseignant Samuel Paty le 16 octobre 2020 a suscité l’indignation de toute la nation. On constate cependant, profitant de l’émotion générale, la multiplication de discours d’exclusion au sein de la société française. » Le MAIS a été remplacé par CEPENDANT. Autant dire tout de suite que la mémoire de Samuel Paty sera vite oubliée dans certains milieux intellectuels: la mort d’un Humain devant être IMMEDIATEMENT et URGEMMENT (chez ces intellectuels-là), dédramatisée, euphémisée voire équilibrée par l’existence de certains discours (ici: discours d’exclusion).
Je dois reconnaître que, contrairement à ce que je craignais, la minute de silence s’est bien passée dans l’ensemble. Le jugement des collègues n’y est pas pour rien tant ils ont su la ramener à son seul objet : l’hommage au professeur assassiné. On voit par là comment un tel acte peut être à la fois commandé sans quoi il ne pourrait être unanime et cependant voulu. Qui pourrait s’y opposer en effet ? Il montre, par là-même, que tout n’est pas mauvais dans la réalité humaine. Pour ce qui est du reste, comment ne pas demeurer pensif si ce n’est plus ? Non seulement bien des élèves soutiennent que la liberté d’expression, c’est bien mais dans certaines limites alors que d’autres font valoir qu’ils s’estiment pris comme entre deux feux – il y a ce que l’on dit à la maison et ce que l’on s’impose de dire à l’école – mais encore ce qui peut être affirmé à son propos par des officiels ressemble fort souvent à un sirop écoeurant. N’a-t-il pas été « expliqué » aux élèves de Conflans-Saint-Honorine que Jaurès lui-même fut tué pour « ses idées » ? Mais non, messieurs, il n’a pas été abattu à bout portant à cause de s e s idées mais parce qu’il luttait jusqu’au bout pour la paix et la justice ! Et que l’on n’aille pas l’accuser, pour autant, d’avoir été un allié objectif de ce qui allait être l’ennemi quelques jours plus tard car bien des pacifistes de l’époque se sont opposé de toute leur force à la guerre tant qu’elle n’était pas déclarée mais l’ont faite avec un courage qui force le respect dès qu’elle l’a été. Il n’y a pas contradiction. Dès le mois d’août 14, il y eut des combats particulièrement sanglants. Avancerait-on que Nelson Mandela a fait vingt-sept ans de prison pour défendre « ses » idées ? La justice et les droits de l’homme ne sont pas des opinions, l’affaire d’un choix partisan. Défendre Dreyfus était-il une simple question d’option ? Si l’on ne veut pas y voir plus clair, si l’on s’embrouille l’esprit, le sien et celui des autres, comment prétendre vouloir faire échec au terrorisme ?
J’allais répondre à votre précédent commentaire en disant simplement qu’il convient de distinguer entre le moment rituel d’un cérémonial (hommage, minute de silence) et celui de l’enseignement proprement dit. Il semble que la journée du 2 décembre ait permis et même parfois éclairé cette distinction.
Autant il me semble nécessaire et justifié d’engager l’argumentation, la mise en perspective, au moment de l’enseignement, autant il me semblerait déplacé de récuser l’hommage ordonné par la puissance publique à un professeur assassiné pour avoir fait son travail, cela à partir d’une campagne orchestrée par certains parents d’élèves, et, comme si cela ne suffisait pas, sur « renseignement » fourni par certains collégiens : oui cela doit être un acte d’autorité !
Pendant des dizaines d’années la puissance publique s’est dérobée, a courbé l’échine devant toute sanction à l’égard d’élèves et de parents s’en prenant (et souvent physiquement) à des professeurs, elle a même humilié bien des professeurs victimes de remise en cause. On ne va tout de même pas se plaindre parce que cette fois, devant l’atroce, elle se décide enfin à faire acte d’autorité en encourageant les professeurs à se mettre debout !
Il faut quand même relever que l’initiative très louable des footballeurs en question est très limitée: ils sont très peu à s’indigner de l’exécution du professeur. Et ne parlons même pas de la FFF ou de l’UEFA qui savent très bien, par ailleurs, mener des campagnes très appréciables contre le racisme (sans pour autant aller jusqu’à interrompre les matchs en cas d’agression raciste…ou à exiger des clubs qu’ils poursuivent les supporteurs racistes en justice). On aurait bien aimé que le PSG rende hommage à la liberté d’expression ou à Samuel Paty (Conflans Saint Honorine, c’est à côté de Paris, ou Saint Germain, non ?) , mais il n’est pas sûr que la QATAR l’ait imaginé une seule seconde. Et de que dire de cette triste et inquiétante attitude de certains intellectuels français qui ont estimé urgent et impératif de critiquer les caricatures ou la fameuse et obscure « islamophobie », alors que la mort du professeur venait d’avoir lieu…! Bien entendu, parmi ces courbeurs d’échine et ces accommodés de la terreur, on retrouve certains responsables catholiques qui ne supportent toujours pas le film de Scorcese sur la vie du Christ. Dans cette République française désunie face aux intimidations et à la barbarie, il y a heureusement certains Imams courageux et intelligents (Paris, Drancy, par ex) qui osent dire, eux (malgré les dangers), que les caricatures doivent être acceptées et qu’on peut regarder ailleurs si on ne les aime pas. On fera le bilan de la mémoire française à Samuel Paty dans 6 mois…: je pense avec beaucoup de crainte (en espérant me tromper) qu’il en restera peu et que l’échine républicaine se sera encore plus courbée.
Dans notre opposition ci-dessus avec M. Champseix le système informatique de Mezetulle ne me permet pas de lui répondre alors qu’il m’interroge en disant qu’il ne voit pas ce qui a déclenché mon ressenti. Je lui réponds donc ici en lui remettant ses propres mots en mémoire et je le cite :
« La coupe est pleine.
Le ministère qui n’a pas suffisamment d’argent pour augmenter le traitement des enseignants en a assez pour financer des footballeurs professionnels (très peu fortunés comme chacun sait) qui, dans une vidéo, apportent leur soutien à l’école. Au demeurant, ce ne sont pas eux qui sont en cause : il n’y a pas de raison de douter de leur bonne foi, mais le contenu du message est tout de même problématique. En substance, l’école est un endroit « cool » où l’on côtoie des copains et des profs sympas… »
Si ce n’est pas un rejet de leur intervention sollicitée ou acceptée par le ministère (en s’interdisant même d’imaginer qu’ils aient pu le faire gratuitement) et du rejet de leurs mots pour ne pas dire de leurs concepts, qu’est-ce ? Moi ça me suffit pour déclencher mon ressenti, mais peut-être que je me trompe.
Cordialement donc en désaccord persistant.
Précision technique de l’éditeur. Le système d’arborescence des commentaires (accessible par la commande « répondre ») atteint une limite lorsque les commentateurs se répondent à plusieurs reprises et que le fil des réponses atteint l’incrémentation de niveau 4 : il semble alors que la commande « répondre » ne soit plus disponible. Le commentaire ci-dessus s’inscrit dans le fil du commentaire d’Alain Champseix daté du 1er novembre à 9h34, et devrait plus précisément prendre place sous le commentaire daté du 4 novembre à 11h11 auquel il répond directement.
Sur le fond et sur les exemples lexicaux donnés par Alain Champseix que relève François Braize dans le commentaire ci-dessus, je pense que « cool » et « profs sympas » ne sont pas des concepts mais du « ressenti ». Et ce ne sont pas des mots que l’école peut prendre à son compte de façon directe : elle a au contraire à les é-conduire (c’est l’acte d’éduquer) et à fournir aux élèves un lexique à la fois moins « identitaire » et plus riche en les dépaysant, en leur donnant des nourritures dignes d’eux. Les élèves ont droit à une langue soutenue qui les enrichit, qui leur ouvre l’océan de la littérature universelle, et en plus, figurez-vous qu’ils aiment ça – être traités à la hauteur qui leur convient! L’école n’a pas à valider et encore moins à reprendre comme allant de soi « les mots de la tribu » car à ce compte elle laisse les élèves les plus démunis là où ils sont et renonce à les instruire, à les armer, à les inclure dans les humanités.
A la mémoire de Samuel Paty, on peut écouter (ou réécouter) cette magnifique chanson de Gilbert Lafaille (« Le maître d’école », Prix de l’Académie Charles Cros), produite en …1994 ! La barbarie peut se reproduite, et la toute chaude repentance de Ségolène Royal (qui semble déjà avoir oublié le professeur), sur les caricatures de Dieu, ne va pas arranger les choses…
URL: https://www.youtube.com/watch?v=dGLHQQNwNM8
« Le Maître d’école » accompagné d’un piano:
https://www.youtube.com/watch?v=xmZrel7wPEo
Un mois après son exécution, Samuel Paty vient d’être symboliquement abattu (une nouvelle fois) par des intellectuels et des Politique dits « de Gauche » français. C »était à craindre, et c’est arrivé. De Ségolène Royal à Edgar Morin, nombreux sont ces esprits français qui rappellent qu’il ne faut pas offenser les religieux, supposant au passage que les extrémistes fanatiques (qui invoquent l’offense et le blasphème) représentent bien les pratiquant de base (c’est dire le saut mental que sont capables de faire ces penseurs français qui refont ce que faisaient les idolâtres des Partis dits « communistes », ou de l’URSS et de la Chine, en reprenant naïvement les étiquettes ou les discours d’autopromotion des tueurs). Autour de moi, il y a des religieux pourtant qui ne ressentent pas les même blessures que celles « déclarées » par les terroristes de tout poil…!
On peut imaginer ce qu’aurait été la réaction de ces mêmes Politiques français si la victime avait été un pauvre réfugié, présentant des caricatures de Dieu, abattu par un fasciste français (d’origine américaine en +, par exemple) outragé et « blessé » par ces caricatures. Certainement pas la même…
Lire: https://www.marianne.net/societe/entre-les-islamistes-et-les-caricaturistes-leur-coeur-balance
Des professeurs du Sud de la France viennent d’apprendre qu’ils ont été considérés comme grévistes le jour de la rentrée dernière, alors même qu’ils étaient présents, parce qu’ils ont pris les premières heures de leurs cours (de 8h à 10h) pour préparer l’hommage à Saul Paty (en reprenant leurs cours normaux dès 10h). Manifestement, l’application stricte d’un règlement interne au rectorat local (ou spécifique au droit du travail) a prévalu sur l’hommage à un fonctionnaire assassiné pour avoir accompli son devoir à l’égard de la Nation ! C’est dire où on en est (dans l’administration, mais aussi chez certains chefs d’établissement) dans notre mémoire nationale à l’égard de cet enseignant, mais aussi à l’égard du terrorisme… Il est évident, à mon avis, que la République a déjà un genoux à terre.
Et c’est reparti pour un tour ! Le professeur de collège Samuel Paty a été décapité il y a plus de 3 mois, au nom d’une prétendue « offense à l’Islam » qui aurait justifié cette barbarie écœurante. Certains intellectuels français dits « de Gauche », ont même abondé sans honte, juste après l’assassinat, dans cette prétendue « offense ». Et certaines autorités de l’Éducation Nationale ont fait de même (après comme, d’ailleurs, avant la mise à mort du prof) en abondant dans l’alibi du tueur et de ses soutiens. Autant dire qu’en France, il y a des gens qui font tout pour que ça recommence. Et c’est bien ce qu’il semble se profiler à l’horizon: une prof de fac, maintenant, est menacée de mort pour les mêmes raisons à Marseille: nous sommes clairement entourés d’individus qui ont envie de tuer du prof (recommandations de Daech) et qui , de surcroît, ont trouvé des discours de légitimation à leur prétendue « humiliation », en provenance de responsables politiques et universitaires français. La France a mis un genoux à terre dès la mise à mort de Samuel Paty, elle est entrain de plier son 2ème genoux: en effet, c’est maintenant la Ligue des Droits de l’Homme qui porte plainte contre cette prof. On est en droit d’imaginer que les assassins potentiels de cette prof sauront dorénavant remplir leur sac à mort de justifications humanitaires pour passer à l’acte (en plus de leurs habituels arguments victimaires).
Ping : Dossier. Liberté d'expression/liberté de croyance : critique des missives de François Héran aux professeurs - Mezetulle
Ping : Samuel Paty, commémoration sans mémoire à l'école : "ne pas revenir sur ce qui s'est passé" ! - Mezetulle
Ping : Doit-on enseigner le "respect des convictions philosophiques et religieuses" d'autrui ? - Mezetulle
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